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samedi 23 avril 2011

A Christmas Carol, In April.

DOCTOR WHO.
A CHRISTMAS CAROL (6.00)

Prise d'une soudaine impulsion miraculeuse _ comprendre être à jour avant le 23 avril ... Oups, nous sommes le 23 avril _ je me suis enfin posée devant mon écran pour regarder A Christmas Carol (6.00), l'épisode de noël dernier de Doctor Who. J'ai juste quatre mois de retard, mais peu importe, ça vaut bien une review. Considérons cela comme un tour de chauffe avant le premiere de la saison 6.

La Fille Qui Etait Congelée

Je n'ai pas été exactement charmée par la saison 5 de Doctor Who (cf cette entrée) mais étant une grande fan (cf cette entrée également), j'ai tout de même décidé de m'accrocher à la série de toutes les forces de mes doigts petits et ridicules. Le coeur vaillant, j'attendais fermement l'épisode spécial de noël, et la saison 6 qui suivrait.

Pourquoi alors, me direz-vous, je regarde A Christmas Carol seulement maintenant ? J'admets qu'il y avait une part d'appréhension, une peur de détester l'épisode et de ne plus trouver la motivation nécessaire à continuer la série. Toutefois ma plus grande réticence concernait le concept autour duquel était construit l'épisode : A Christmas Carol, le fameux roman de Dickens. 

C'est un de ces épisodes types de télévision auquel on peut difficilement échapper et c'est constamment pénible à regarder. Pas parce que l'idée est mauvaise en soi, je n'ai rien contre le roman de Dickens, mais le fait est qu'appliquée à une autre fiction pré-existante elle est rarement à propos et surtout manque totalement d'originalité. Steven Moffat m'a vraiment déçue sur ce coup-là : je n'ai pas aimé sa saison 5 de Doctor Who, mais au moins ses idées étaient originales la plupart du temps. 

En somme, quelques semaines avant la diffusion, la publication du résumé de l'épisode a complètement tué mon intérêt. Et je me retrouve quatre mois plus tard à le visionner en quatrième vitesse pour écrire une review (aussi un peu en quatrième vitesse).

Finalement, comme ma toute première piqûre chez le médecin, ce n'était pas si terrible que cela. L'idée qui me revenait le plus pendant que je regardais l'épisode, c'était qu'il me rappelait la "bonne" époque de Moffat sur Doctor Who, quand il n'était pas showrunner mais juste un scénariste pondant un script par an. C'était finalement la formule idéale pour Moffat : ses idées brillantes et ses fameux one liners fonctionnaient bien dans ce cadre considérant qu'il n'avait pas à se soucier de continuité, d'arcs saisonniers, ni même du développement des personnages.

En fait, cet épisode faisant la transition entre deux saisons mais n'étant réellement rattaché à aucune fait penser à un épisode indépendant. Comme dans ses épisodes dans l'ère RTD de Doctor Who on retrouve, outre ses thèmes et techniques narratives récurrentes, un manque total de continuité avec ce qu'il s'est passé avant dans la série (et probablement avec ce qu'il se passera après), de nouveaux personnages stéréotypés, et surtout une mise de côté complète des Companions officiels au profit desdits personnages inédits.

Pour citer maladroitement (et incorrectement) Barney Stinson de How I Met Your Mother à l'aide d'une traduction approximative : l'une de 24 similitudes entre Steven Moffat et le poisson est qu'ils sont attirés par les objets brillants (dans la citation d'origine il faut remplacer Steven Moffat par "les femmes", et oui c'est sexiste et condescendant, mais comme je parle de Steven Moffat c'est totalement à propos). 

Explication : Moffat va préférer une bonne blague ou tournure de phrase amusante à des dialogues ayant du sens par rapport à la psychologie de ses personnages. Il va préférer une idée qui en jette et qui est très visuelle à une idée plus sobre mais solide, et qui aura toujours du sens lorsqu'on y repensera trois jours après.

De la même façon, Moffat semble se lasser très vite des Companions officiels de la série pour jouer avec des personnages nouveaux introduits pour l'occasion : Jack Harkness dans The Empty Child (1.09)/The Doctor Dances (1.10), Madame de Pompadour dans The Girl in the Fireplace (2.04), Sally Sparrow dans Blink (3.10) ou River Song dans Silence in the Library (4.08)/Forest of the Dead (4.09). 

J'ai toujours cru que son dédain envers les Companions de l'ère RTD était une question de goût et que cela changerait une fois qu'il serait lui-même à la barre de la série, mais non, c'est la même chose. Je pense que ce monsieur, bien que talentueux, a les personnages secondaires ou même les personnages qu'il crée tout court en horreur. Il aime raconter des histoires mais déteste créer des personnages. Cela pourrait expliquer pourquoi il reprend sans arrêt des personnages déjà existants dans son travail (le Doctor, Jekyll et Hyde, Sherlock Holmes) ou fait du copier/coller sur sa propre vie (Steve et Susan dans Coupling sont littéralement Steven Moffat et sa compagne).

En l'occurrence, sa mise de côté des Companions de la série, Amy Pond et son pauvre, pauvre époux Rory, comme je ne les aime ni l'un ni l'autre, m'a fait énormément apprécier l'épisode. Je me suis franchement sentie libérée d'un poids en regardant un épisode qui les utilisait très peu. D'autant plus que, même manquant de profondeur pour l'instant, le Doctor de Matt Smith a du potentiel et toute ma sympathie. Le voir au centre de l'épisode, sans les deux boulets personnages (non allons-y, soyons fous et appelons-les des boulets) était une plus-value certaine. Rory et Amy doivent dégager d'ici la fin de saison. 

Encore qu'il n'est pas certain que les Companions suivants soient plus réussis. C'est un peu un handicap lorsqu'on regarde une série dont l'auteur principal n'éprouve aucun intérêt pour ses personnages. L'idéal serait sans doute une série d'épisodes à la A Christmas Carol avec des invités, des personnages restant deux épisodes avant de prendre la tangente, juste à temps pour éviter la perte d'intérêt de Moffat à leur égard. Puisqu'il ne voit aucune raison de connecter émotionnellement ses personnages aux spectateurs, qu'il ne fasse pas semblant d'essayer. On se demande pourquoi il est devenu auteur. Personnellement cela me donne juste envie de m'arracher les cheveux.

Revenons sur cet épisode, qui se repose plutôt bien uniquement sur le Doctor (même s'il ne gagne nullement en profondeur malgré sa mise sous les projecteurs) et sur deux personnages au centre de l'intrigue Dickensienne, Kazran et Abigail. Ces deux personnages remplissent bien leur rôle : limité, cliché, mais qui fonctionnait bien pour une apparition à court terme. C'était de plus très cohérent avec l'atmosphère dark fairytale du Who de Moffat (que je n'aime toujours pas car c'est une excuse pour justifier des paresses scénaristiques et des personnages superficiels).

Kazran et Abigail sont assez oubliables parce qu'il n'y a rien à dire sur eux vraiment : Kazran est un Scrooge et dans son enfance et son adolescence il était un enfant et un adolescent complètement générique avec un trait de personnalité, la curiosité apparemment. Quant à Abigail, elle est un ange de pureté qui ne peut être souillée même par une maladie incurable. 

Leur histoire d'amour n'a pas vraiment d'intérêt (tout juste réhaussée par la tragédie qui la conclut). Leurs scènes sont agréables parce que courtes, bien filmées, alimentées par une atmosphère esthétique très belle et soignée, et entrecoupées fréquemment de saillies amusantes d'un Doctor largué et maladroit.

En réalité, il n'y a pas grand-chose à dire de l'épisode. Il était divertissant et sans enjeu, et c'est un peu l'intérêt des épisodes de noël de Doctor Who. Les effets spéciaux étaient très beaux, mélangeant une identité sci-fi sophistiquée, une imagerie dickensienne dans les décors et costumes et sans oublier le grain de folie du bestiaire (aliénaire plutôt ?) usuel de la série (why hello, flying shark !). 

On peut regretter certaines habitudes dans l'écriture de Moffat, qui finissent par devenir de mauvaises habitudes, tant elles sont prévisibles et répétitives :

- le jeu sur le visuel avec les vidéos et les photos

- le paradoxe temporel que j'ai trouvé moins maîtrisé que d'ordinaire, tout comme en fin de saison 5 d'ailleurs. Le wibbly wobbly timey wimey de Moffat devient un gadget qui n'a plus aucun sens. D'autant plus qu'ici, ses pirouettes temporelles contredisent le canon de la série : c'était déjà étrange que le Doctor décide arbitrairement de changer la timeline de quelqu'un après les conséquences terribles que cela a eu dans The Waters of Mars (4/5.03), alors le moment où Kazran vieux prend dans ses bras Kazran enfant était le coup de grâce, cf Father's Day (1.08). 

- le personnage qu'on retrouve à plusieurs moments de sa timeline depuis l'enfance

- le personnage adulte qui rencontre un personnage enfant, le retrouve cinq minutes plus tard adulte et s'en amourache même si c'est extrêmement perturbant

- la romance entre deux personnages qui ne vivent pas sur la même timeline

- sérieusement, que quelqu'un retire à Steven Moffat sa copie de The Time Traveler's Wife, cela commence à devenir lourd

Tous ces éléments ont contribué à l'identité de scénariste de Steven Moffat sur Doctor Who, et à sa popularité, mais leurs répétitions constantes commencent à me lasser. Sans compter que si j'aime certains d'entre eux (le jeu sur les médias, les paradoxes temporels quand ils sont bien utilisés) d'autres me laissent perplexe (les romances enfant/adulte).

On se pose aussi des questions sur les motivations des personnages : je sais que j'ai établi dans une entrée précédente que j'étais amusée par le côté glorieusement incompétent du Doctor de Matt Smith, toutefois pendant tout l'épisode on ne peut que se demander pourquoi le Doctor se lance dans un plan aussi alambiqué qui viole les lois du temps et son éthique personnelle. 

Abigail me laisse perplexe aussi : elle n'a que huit jours à vivre et elle les passe tous sauf un avec deux étrangers dont un enfant (et quand elle dîne finalement avec sa famille, ce n'est qu'au bout de plusieurs nuits). D'ailleurs toute cette histoire de maladie incurable est bizarre même avec le point de vue conte de fées, n'avoir plus que huit nuits à vivre pile c'est plutôt louche et cela n'aide pas la crédibilité de l'histoire, et donc à se sentir concerné. 

J'ai aussi l'impression que Steven Moffat (et c'est une impression que j'ai commencé à avoir pendant la saison 5) prend ses spectateurs pour beaucoup moins intelligents qu'ils ne le sont en réalité : j'ai du mal à croire que le Doctor n'ait pas compris aussitôt qu'Abigail était très malade, le compte à rebours sur son cercueil de glace était déjà suspect mais quand elle le prend pour un de ses médecins, il aurait dû comprendre en même temps que le spectateur.  

Le fait que la "révélation" vienne bien après implique non seulement que le Doctor est toujours aussi glorieusement incompétent mais qu'en plus Moffat pré-suppose que les spectateurs sont un peu lents. C'est vexant à force. J'aimerais bien dire que c'est parce qu'il tente de s'adresser plus à l'audience des enfants, sauf que les saisons précédentes parvenaient à s'adresser au public jeune sans "stupidifier" la série.

En conclusion, à condition de ne pas trop y réfléchir et d'accepter que l'écriture de Steven Moffat est une écriture d'illusionniste qui fait constamment diversion pour empêcher le spectateur de voir l'histoire pour ce qu'elle est et les personnages pour ce qu'ils sont, cet épisode de Doctor Who était un divertissement certes manipulateur mais efficace et amusant, créatif sur la forme et sur certains éléments du fond. 

Je regrette les personnages unidimensionnels, la sous-utilisation de Michael Gambon (Harry Potter, Emma, The Cook, the Thief, His Wife and Her Lover) qui passe un certain temps à jouer tout seul face à la caméra en réagissant aux souvenirs modifiés qui surgissent dans sa mémoire et la dernière d'une longue liste de romances pédophiles que Moffat aime tant.
 
Heureusement, l'épisode m'a assez plu pour me motiver à regarder la saison 6. C'est parti pour une saison de reviews !


NOTE : Pas mal pour un Douchebag.

2 commentaires:

  1. J'approuve. L'épisode était divertissant et sans enjeu et j'ai pas cherché à voir plus loin (j'ai un peu lâché l'affaire aussi faut dire).
    Pareil que toi, ce qui me fait le plus mal dans l'écriture de Moffat, c'est la non caractérisation des personnages. D'autant que je n'ai pas été super éblouie par la saison 5 et je pense que le final était un gros n'importe quoi complètement à côté de la plaque et incohérent.
    Bref, j'ai pas encore vu le season premiere mais je l'attends au tournant celle-là.

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  2. Je suis un peu dans le même cas que toi, j'ai lâché l'affaire mais j'essaie au moins d'être divertie en ayant zéro attentes. Tout ce que j'attends de la saison 6 c'est qu'elle ne me cause pas d'ulcère de rage en titillant mon inner!feminist. Si les nouveaux épisodes arrivent à faire ça, je serai déjà contente. (Je n'ai pas encore vu non plus le season premiere parce que j'attends la seconde partie de l'épisode. En gros, je n'ai pas l'intention de me fatiguer à écrire deux reviews pour un seul et même épisode).

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