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vendredi 29 avril 2011

Gaga Extravaganza ?

GLEE.
BORN THIS WAY (2.18) 

Non, ce blog ne sera pas monomaniaque. Mes deux premières entrées étaient des reviews de Doctor Who, et la prochaine sera également sur la série (plus spécifiquement les deux premiers épisodes de la saison 6), donc en attendant je vais parler un peu d'autre chose, pour changer. Toutefois, la plupart de mes séries arrivant à leurs fins de saisons, je vais attendre de voir les finales pour en parler. Il ne me reste plus qu'à parler alors de ... Glee.


The L Stands For My Loser. 

Je vais aller droit au but : je n'aime pas Glee. 

Après un pilote prometteur (une série avec des numéros musicaux, des personnages marginaux, un humour acéré, et oui, j'avais chanté Don't Stop Believing tout l'été), je suis allée de déception en déception avec Glee. J'ai compris assez tôt dans la saison 1 qu'elle serait complètement ratée et ne tiendrait aucune de ses promesses du pilote. D'accord, il y a de bonnes répliques ici ou là, et dans leurs bons moments les personnages peuvent être sympathiques (surtout les personnages secondaires à vrai dire). Quant aux reprises elles sont neuf fois sur dix inécoutables, mais de temps à autres, on aura un numéro agréable.

Le gros problème de Glee est une inconsistance assez insultante. On ne demandait pas forcément à la série d'être brillante, sarcastique, osée, meta, etc. C'était un teen drama. Un teen drama basé sur le concept du show choir, et dans lequel les personnages éclataient régulièrement en chansons. Avec cette base de départ, aucun miracle n'était possible. De plus, même si les personnages de la série étaient des misfits, ils étaient en même temps incroyablement stéréotypés ce qui laissait peu de place à un regard vraiment original et critique sur la jeunesse américaine actuelle.

Il n'empêche, que même sans être tout ça, Glee aurait tout simplement pu être une série sympa et amusante, autour d'un groupe de jeunes qui s'aiment, se disputent et chantent. Juste cela aurait été suffisant. En fait, juste cela m'aurait enthousiasmé et fait jurer fidélité à tout jamais à la série. Et c'est probablement tout ce qu'y voient les nombreux fans (?) de la série. Le problème de Glee (bon Glee a beaucoup de problèmes mais on va essayer de viser le principal) c'est qu'il s'agit d'une série à multiple personnalités. Cela pourrait être bon signe sauf que la série se perd entre ses différentes identités.

La série a trois co-créateurs, et les trois hommes publiquement admettent qu'ils ont chacun une vision différente de la série, l'un tirera plus sur la satire ou l'autre sur la bluette adolescente ... La série semble changer de ton et de message d'un épisode à l'autre. Et là je ne parle que des thèmes généraux liés à la série, mais du point de vue de la narration, d'un épisode à l'autre, les personnages vont changer de personnalité, des interactions qui fonctionnaient la semaine d'avant seront oubliées, etc. 

La série a zéro continuité. Aucun semblant de cohérence et d'homogénéité. C'en est à un point que je commence à me sentir franchement insultée en regardant la série. Par exemple, une amitié intéressante et touchante qui fonctionnait bien dans le dernier tiers de la saison 1, Mercedes et Quinn, est complètement oubliée en saison 2. Je ne crois même pas que les deux personnages aient eu une seule scène ensemble sur les 18 épisodes déjà diffusés cette année. 

En plus de tout cela s'ajoute l'influence un peu trop omniprésente d'internet et des commentaires des gleeks. C'est ainsi que sont nés des pairings improbables (Puck/Rachel) oubliés l'épisode suivant, qu'on écrit des storylines peu inspirées qui tapent sur les critiques du net (dans l'épisode Night of Neglect 2.17), qu'un guest-star bien accueilli revient souvent, beaucoup trop souvent, même pour parler dans le vide (la Holly Holiday de Gwyneth Platrow), que des arcs sortent de nulle part par magie (l'arc d'Indina Menzel dirigeant la chorale rivale des New Direction se transforme en arc soapesque sur la mère naturelle de Rachel, les internautes ayant noté la ressemblance entre les deux actrices) ou qu'un personnage se retrouve sans storyline (Sam était censé être le premier petit ami de Kurt mais comme tout le monde l'avait deviné sur le net, un autre love interest a été introduit et le personnage de Sam ne sert plus à rien, à part se faire insulter toutes les semaines par Santana).

C'est toujours appréciable quand les showrunners se préoccupent de la passion des fans, leur adressent des clins d'oeil, leur rendent hommage ou même se moquent gentiment d'eux. Bien fait ça donne une fanvid Jeff/Annie inspirée d'une véritable fanvid pré-existante dans un épisode hilarant de Community, ou la pelletée impressionnante des épisodes meta de Supernatural où les protagonistes rencontrent leurs fans dans des conventions et où ils découvrent médusés l'univers merveilleux des fanfictions homo-érotiques. 

Mal fait, ça donne Glee, où les auteurs ne soignent pas vraiment leurs fans mais se laissent commander par eux. Normalement, c'est le créateur qui est censé savoir ce qui est bon pour son fan, même si a priori cela ne lui plaît pas. C'est le travail du créateur de décider, de mener son histoire. Et ce n'est pas parce qu'on vit dans une ère où les médias sont empoisonnés par les immondices de la télé-réalité qu'il faut laisser les spectateurs s'habituer à l'idée de tout décider. Quand on regarde une fiction, on ne peut pas choisir à la carte les personnages qui vont être sous les projecteurs, qui vont mourir, qui vont coucher avec untel, etc. 

Ces mauvaises habitudes données aux spectateurs et relayées peu judicieusement par des co-créateurs incapables de s'entendre sur le fond de leur show, contribuent à faire de Glee une série brouillonne, parfois exaspérante, et surtout constamment non-évènementielle.

L'épisode de cette semaine est symptomatique de tout cela. On nous annonçait dans la presse depuis quelques semaines un épisode "épique", un hommage à Lady Gaga (formule déjà utilisée dans un épisode de la saison précédente et qui avait bien fonctionné), un grand bouleversement, un show de 90 minutes et ... On n'a rien de tout ça.

 Nice T-Shirts. Bad Song. Really, really Bad Song.

Premièrement, l'épisode fait à peine plus de dix minutes qu'un épisode au format ordinaire 42 minutes. Quand sur une heure et demie, quarante minutes sont consacrées aux publicités, moi j'appelle ça une arnaque, pas un évènement, encore moins une Gaga Extravaganza. L'épisode sur le fond, de plus, ne fait que ressasser un message déjà traité cinq cent fois dans la série, sur le fait de s'accepter. Le plus ironique c'est qu'il le fait très mal : on célèbre le fait que Quinn ne se soit jamais acceptée et se soit entièrement faite refaire, et globalement les messages sur les T-Shirts des personnages dans leur numéro final sont soit complètement hors de propos, ou complètement dépassés par des personnages qui se sont acceptés depuis longtemps. 

Du point de vue de l'intrigue, aucun retournement et aucune surprise. On sait que Kurt retournera à McKinley depuis l'épisode de son départ, et d'autant plus depuis que les Warblers ne font plus partie de la compétition. La véritable surprise aurait été que Santana soit sortie du placard. Et en parlant de Santana : la semaine dernière elle défend Kurt comme une tigresse contre l'ignorance et la violence de Karofski, et cette semaine ... elle complote avec lui et l'utilise comme couverture ? C'est assez décevant. 

D'ailleurs j'aimerais que Santana "laisse partir" Brittany. Je préfèrerais qu'elle s'accepte et qu'ainsi elle trouve le bonheur avec une autre lesbienne (comme Kurt l'a fait avec Blaine) plutôt que d'essayer de forcer la main de Brittany qui est de toute évidence amoureuse d'Arty et hétérosexuelle (j'accepte son bicurious mais je ne suis pas convaincue). C'est un exemple des relations toutes malsaines dans la série. 

Que les relations, tout comme les personnages, soient mal écrits, c'est une chose, mais qu'elle soient aussi "violentes" et manipulatrices, c'est plus inquiétant. Will ne se comporte pas mieux en forçant la main d'Emma pour qu'elle accepte son problème (la scène des fruits sales était difficile à regarder), Finn manipule Rachel en lui donnant constamment de faux espoirs, etc. En fait la seule relation saine est celle de Mike Chang et Tina, mais c'est probablement parce qu'elle est trop secondaire pour être ruinée par les auteurs.

C'est assez fréquent dans ma relation avec la série : la série réussit une chose pour cinq atrocités. Comme dans les numéros musicaux de l'épisode : le mash-up de Rachel et Quinn est joli (même si la volonté de Rachel de se faire opérer du nez est incompréhensible considérant qu'il y a quelques épisodes elle déclarait être complètement à l'aise avec son physique, et ce sans même mentionner les connotations douteuses d'expressions telles que vouloir avoir l'air "less hebraic" alors qu'elle a toujours revendiqué ses origines juives), le numéro de Kurt réussi également. 

Mais qu'on arrête de prétendre que Cory Monteith est un grand chanteur et qu'on donne des numéros un peu moins idiots à Darren Criss (mon numéro préféré de Blaine est son duo avec Rachel qui était beaucoup plus frais et décontracté). Quant au final en groupe, il manque complètement d'énergie et d'intérêt (alors que les numéros de groupes sont généralement au moins divertissants), en plus de contredire le thème de l'épisode par un choix de chanson atroce : Born This Way étant un morceau copiant une chanson de Madonna, autrement dit Lady Gaga chante qu'elle aimerait être Madonna (même si on se demande pourquoi), sans compter que leur version coupe le passage sur les transsexuels, tout comme "transvestite" avait été coupé de l'épisode Rocky Horror Picture Show

En somme un épisode non-évènementiel présenté comme extrêmement évènementiel, et qui flingue encore une fois toute la continuité du show. La série est de plus en plus ridicule. Et je n'achète pas du tout l'argument de la plupart des fans de Glee, sur le fait que la série est comique, volontairement caricaturale, car c'est faux. Cet épisode, comme beaucoup d'autres épisodes, est né d'une volonté de porter un message, d'être pris au sérieux. La série pourrait passer malgré ses maladresses et ses absurdités si la série n'était qu'une comédie pop-addict de plus (exemple à la Community), mais elle clame sans cesse être plus que cela. Et elle se plante, systématiquement.

Mauvais, très mauvais.



NOTE : Oh Mais Quelle Horreur.

samedi 23 avril 2011

A Christmas Carol, In April.

DOCTOR WHO.
A CHRISTMAS CAROL (6.00)

Prise d'une soudaine impulsion miraculeuse _ comprendre être à jour avant le 23 avril ... Oups, nous sommes le 23 avril _ je me suis enfin posée devant mon écran pour regarder A Christmas Carol (6.00), l'épisode de noël dernier de Doctor Who. J'ai juste quatre mois de retard, mais peu importe, ça vaut bien une review. Considérons cela comme un tour de chauffe avant le premiere de la saison 6.

La Fille Qui Etait Congelée

Je n'ai pas été exactement charmée par la saison 5 de Doctor Who (cf cette entrée) mais étant une grande fan (cf cette entrée également), j'ai tout de même décidé de m'accrocher à la série de toutes les forces de mes doigts petits et ridicules. Le coeur vaillant, j'attendais fermement l'épisode spécial de noël, et la saison 6 qui suivrait.

Pourquoi alors, me direz-vous, je regarde A Christmas Carol seulement maintenant ? J'admets qu'il y avait une part d'appréhension, une peur de détester l'épisode et de ne plus trouver la motivation nécessaire à continuer la série. Toutefois ma plus grande réticence concernait le concept autour duquel était construit l'épisode : A Christmas Carol, le fameux roman de Dickens. 

C'est un de ces épisodes types de télévision auquel on peut difficilement échapper et c'est constamment pénible à regarder. Pas parce que l'idée est mauvaise en soi, je n'ai rien contre le roman de Dickens, mais le fait est qu'appliquée à une autre fiction pré-existante elle est rarement à propos et surtout manque totalement d'originalité. Steven Moffat m'a vraiment déçue sur ce coup-là : je n'ai pas aimé sa saison 5 de Doctor Who, mais au moins ses idées étaient originales la plupart du temps. 

En somme, quelques semaines avant la diffusion, la publication du résumé de l'épisode a complètement tué mon intérêt. Et je me retrouve quatre mois plus tard à le visionner en quatrième vitesse pour écrire une review (aussi un peu en quatrième vitesse).

Finalement, comme ma toute première piqûre chez le médecin, ce n'était pas si terrible que cela. L'idée qui me revenait le plus pendant que je regardais l'épisode, c'était qu'il me rappelait la "bonne" époque de Moffat sur Doctor Who, quand il n'était pas showrunner mais juste un scénariste pondant un script par an. C'était finalement la formule idéale pour Moffat : ses idées brillantes et ses fameux one liners fonctionnaient bien dans ce cadre considérant qu'il n'avait pas à se soucier de continuité, d'arcs saisonniers, ni même du développement des personnages.

En fait, cet épisode faisant la transition entre deux saisons mais n'étant réellement rattaché à aucune fait penser à un épisode indépendant. Comme dans ses épisodes dans l'ère RTD de Doctor Who on retrouve, outre ses thèmes et techniques narratives récurrentes, un manque total de continuité avec ce qu'il s'est passé avant dans la série (et probablement avec ce qu'il se passera après), de nouveaux personnages stéréotypés, et surtout une mise de côté complète des Companions officiels au profit desdits personnages inédits.

Pour citer maladroitement (et incorrectement) Barney Stinson de How I Met Your Mother à l'aide d'une traduction approximative : l'une de 24 similitudes entre Steven Moffat et le poisson est qu'ils sont attirés par les objets brillants (dans la citation d'origine il faut remplacer Steven Moffat par "les femmes", et oui c'est sexiste et condescendant, mais comme je parle de Steven Moffat c'est totalement à propos). 

Explication : Moffat va préférer une bonne blague ou tournure de phrase amusante à des dialogues ayant du sens par rapport à la psychologie de ses personnages. Il va préférer une idée qui en jette et qui est très visuelle à une idée plus sobre mais solide, et qui aura toujours du sens lorsqu'on y repensera trois jours après.

De la même façon, Moffat semble se lasser très vite des Companions officiels de la série pour jouer avec des personnages nouveaux introduits pour l'occasion : Jack Harkness dans The Empty Child (1.09)/The Doctor Dances (1.10), Madame de Pompadour dans The Girl in the Fireplace (2.04), Sally Sparrow dans Blink (3.10) ou River Song dans Silence in the Library (4.08)/Forest of the Dead (4.09). 

J'ai toujours cru que son dédain envers les Companions de l'ère RTD était une question de goût et que cela changerait une fois qu'il serait lui-même à la barre de la série, mais non, c'est la même chose. Je pense que ce monsieur, bien que talentueux, a les personnages secondaires ou même les personnages qu'il crée tout court en horreur. Il aime raconter des histoires mais déteste créer des personnages. Cela pourrait expliquer pourquoi il reprend sans arrêt des personnages déjà existants dans son travail (le Doctor, Jekyll et Hyde, Sherlock Holmes) ou fait du copier/coller sur sa propre vie (Steve et Susan dans Coupling sont littéralement Steven Moffat et sa compagne).

En l'occurrence, sa mise de côté des Companions de la série, Amy Pond et son pauvre, pauvre époux Rory, comme je ne les aime ni l'un ni l'autre, m'a fait énormément apprécier l'épisode. Je me suis franchement sentie libérée d'un poids en regardant un épisode qui les utilisait très peu. D'autant plus que, même manquant de profondeur pour l'instant, le Doctor de Matt Smith a du potentiel et toute ma sympathie. Le voir au centre de l'épisode, sans les deux boulets personnages (non allons-y, soyons fous et appelons-les des boulets) était une plus-value certaine. Rory et Amy doivent dégager d'ici la fin de saison. 

Encore qu'il n'est pas certain que les Companions suivants soient plus réussis. C'est un peu un handicap lorsqu'on regarde une série dont l'auteur principal n'éprouve aucun intérêt pour ses personnages. L'idéal serait sans doute une série d'épisodes à la A Christmas Carol avec des invités, des personnages restant deux épisodes avant de prendre la tangente, juste à temps pour éviter la perte d'intérêt de Moffat à leur égard. Puisqu'il ne voit aucune raison de connecter émotionnellement ses personnages aux spectateurs, qu'il ne fasse pas semblant d'essayer. On se demande pourquoi il est devenu auteur. Personnellement cela me donne juste envie de m'arracher les cheveux.

Revenons sur cet épisode, qui se repose plutôt bien uniquement sur le Doctor (même s'il ne gagne nullement en profondeur malgré sa mise sous les projecteurs) et sur deux personnages au centre de l'intrigue Dickensienne, Kazran et Abigail. Ces deux personnages remplissent bien leur rôle : limité, cliché, mais qui fonctionnait bien pour une apparition à court terme. C'était de plus très cohérent avec l'atmosphère dark fairytale du Who de Moffat (que je n'aime toujours pas car c'est une excuse pour justifier des paresses scénaristiques et des personnages superficiels).

Kazran et Abigail sont assez oubliables parce qu'il n'y a rien à dire sur eux vraiment : Kazran est un Scrooge et dans son enfance et son adolescence il était un enfant et un adolescent complètement générique avec un trait de personnalité, la curiosité apparemment. Quant à Abigail, elle est un ange de pureté qui ne peut être souillée même par une maladie incurable. 

Leur histoire d'amour n'a pas vraiment d'intérêt (tout juste réhaussée par la tragédie qui la conclut). Leurs scènes sont agréables parce que courtes, bien filmées, alimentées par une atmosphère esthétique très belle et soignée, et entrecoupées fréquemment de saillies amusantes d'un Doctor largué et maladroit.

En réalité, il n'y a pas grand-chose à dire de l'épisode. Il était divertissant et sans enjeu, et c'est un peu l'intérêt des épisodes de noël de Doctor Who. Les effets spéciaux étaient très beaux, mélangeant une identité sci-fi sophistiquée, une imagerie dickensienne dans les décors et costumes et sans oublier le grain de folie du bestiaire (aliénaire plutôt ?) usuel de la série (why hello, flying shark !). 

On peut regretter certaines habitudes dans l'écriture de Moffat, qui finissent par devenir de mauvaises habitudes, tant elles sont prévisibles et répétitives :

- le jeu sur le visuel avec les vidéos et les photos

- le paradoxe temporel que j'ai trouvé moins maîtrisé que d'ordinaire, tout comme en fin de saison 5 d'ailleurs. Le wibbly wobbly timey wimey de Moffat devient un gadget qui n'a plus aucun sens. D'autant plus qu'ici, ses pirouettes temporelles contredisent le canon de la série : c'était déjà étrange que le Doctor décide arbitrairement de changer la timeline de quelqu'un après les conséquences terribles que cela a eu dans The Waters of Mars (4/5.03), alors le moment où Kazran vieux prend dans ses bras Kazran enfant était le coup de grâce, cf Father's Day (1.08). 

- le personnage qu'on retrouve à plusieurs moments de sa timeline depuis l'enfance

- le personnage adulte qui rencontre un personnage enfant, le retrouve cinq minutes plus tard adulte et s'en amourache même si c'est extrêmement perturbant

- la romance entre deux personnages qui ne vivent pas sur la même timeline

- sérieusement, que quelqu'un retire à Steven Moffat sa copie de The Time Traveler's Wife, cela commence à devenir lourd

Tous ces éléments ont contribué à l'identité de scénariste de Steven Moffat sur Doctor Who, et à sa popularité, mais leurs répétitions constantes commencent à me lasser. Sans compter que si j'aime certains d'entre eux (le jeu sur les médias, les paradoxes temporels quand ils sont bien utilisés) d'autres me laissent perplexe (les romances enfant/adulte).

On se pose aussi des questions sur les motivations des personnages : je sais que j'ai établi dans une entrée précédente que j'étais amusée par le côté glorieusement incompétent du Doctor de Matt Smith, toutefois pendant tout l'épisode on ne peut que se demander pourquoi le Doctor se lance dans un plan aussi alambiqué qui viole les lois du temps et son éthique personnelle. 

Abigail me laisse perplexe aussi : elle n'a que huit jours à vivre et elle les passe tous sauf un avec deux étrangers dont un enfant (et quand elle dîne finalement avec sa famille, ce n'est qu'au bout de plusieurs nuits). D'ailleurs toute cette histoire de maladie incurable est bizarre même avec le point de vue conte de fées, n'avoir plus que huit nuits à vivre pile c'est plutôt louche et cela n'aide pas la crédibilité de l'histoire, et donc à se sentir concerné. 

J'ai aussi l'impression que Steven Moffat (et c'est une impression que j'ai commencé à avoir pendant la saison 5) prend ses spectateurs pour beaucoup moins intelligents qu'ils ne le sont en réalité : j'ai du mal à croire que le Doctor n'ait pas compris aussitôt qu'Abigail était très malade, le compte à rebours sur son cercueil de glace était déjà suspect mais quand elle le prend pour un de ses médecins, il aurait dû comprendre en même temps que le spectateur.  

Le fait que la "révélation" vienne bien après implique non seulement que le Doctor est toujours aussi glorieusement incompétent mais qu'en plus Moffat pré-suppose que les spectateurs sont un peu lents. C'est vexant à force. J'aimerais bien dire que c'est parce qu'il tente de s'adresser plus à l'audience des enfants, sauf que les saisons précédentes parvenaient à s'adresser au public jeune sans "stupidifier" la série.

En conclusion, à condition de ne pas trop y réfléchir et d'accepter que l'écriture de Steven Moffat est une écriture d'illusionniste qui fait constamment diversion pour empêcher le spectateur de voir l'histoire pour ce qu'elle est et les personnages pour ce qu'ils sont, cet épisode de Doctor Who était un divertissement certes manipulateur mais efficace et amusant, créatif sur la forme et sur certains éléments du fond. 

Je regrette les personnages unidimensionnels, la sous-utilisation de Michael Gambon (Harry Potter, Emma, The Cook, the Thief, His Wife and Her Lover) qui passe un certain temps à jouer tout seul face à la caméra en réagissant aux souvenirs modifiés qui surgissent dans sa mémoire et la dernière d'une longue liste de romances pédophiles que Moffat aime tant.
 
Heureusement, l'épisode m'a assez plu pour me motiver à regarder la saison 6. C'est parti pour une saison de reviews !


NOTE : Pas mal pour un Douchebag.

mardi 19 avril 2011

Oh, Doctor Who, I wish I knew how to quit you ...

Doctor Who, a History.

A l'occasion de la diffusion prochaine sur la BBC de la saison 6 flambant neuve de Doctor Who, la série de science-fiction britannique culte, j'ai pensé faire un petit bilan, de mon histoire, avec la série. 

Donc oui, le titre était effectivement pompeux pour rien. 



Je vais essentiellement me consacrer à New Who, à savoir la résurrection de la série de 2005 à aujourd'hui, et laisser de côté Classic Who. C'est une série très ancienne et très ancrée dans la culture anglaise, puisqu'elle existe depuis 1963 (rien que ça !) et a duré jusqu'à la fin des années 80, avant d'être glorieusement ressuscitée par Russell T. Davies (Queer as Folk, Second Coming, Casanova), RTD pour les intimes. Ou plutôt les geeks.

Je pourrais parler de Classic Who, puisque, sans avoir vu les 700 épisodes et quelques la composant, j'en ai vu suffisamment pour pouvoir parler avec assurance du Who des années 60 et 70 notamment. Ce n'est pas entièrement désagréable à regarder, mais en matière de narration et de réalisation ce n'est pas facile de plonger dans cet univers avec un regard moderne : c'est littéralement suranné, et à conseiller uniquement aux fans assidus qui veulent savoir avec précision tout ce qu'il s'est passé dans le canon de la série, et connaître chacune des versions du Doctor au fil des ans et chacun des Companions ayant traversé sa vie. Les autres peuvent passer leur chemin, à mon avis.

Parlons donc de Doctor Who en 2005.

Déjà, que peut bien pousser un spectateur lambda à regarder cette série ? C'est assez compréhensible du point de vue anglais, tout le monde connaît ou a au moins entendu parler de ce cher Doctor, de son Tardis, de Daleks, de Time Lords, de sonic screwdrivers, etc. Tout cela fait partie de leur pop culture. A l'étranger, où la série est plus obscure, c'est a priori difficile d'avoir envie de se lancer dans la série pour la première fois. D'autant plus qu'elle n'est pas facile à résumer.

Lorsque j'ai entendu parler pour la première fois de la série, vers 2005-2006, sur divers cercles internetiens, j'avoue avoir été perplexe. J'entendais parler d'un Doctor qui n'avait pas de nom et qui changeait de visage. J'entendais parler de voyages dans le temps et dans l'espace (ce qui était déjà un terrain alléchant). D'une boîte de téléphone bleue. De Tardis. De Rose (oh ... Rose ...). De Mickey. D'un Eccleston, puis d'un Tennant. J'étais confuse. Mais tout le monde semblait tellement enthousiaste qu'il a fallu tenter l'expérience. De plus, tout ce qui est anglais est par défaut, et jusqu'à preuve du contraire, cool.

Bien m'en a pris.

DOCTOR WHO SAISON 1

The End of the World (1.02), aka The Doctor & Rose being epic right from the start
La première saison de Doctor Who dans sa version 2.0/reboot/appelez ça comme vous voulez était avec Christopher Eccleston (Jude, Petits Meurtres Entre Amis, Second Coming) prenant les traits d'un Neuvième Doctor depuis la création de la série (aussi affectueusement appelé Nine par les fans, et je vous préviens d'entrée que c'est ainsi que je vais l'appeler), et Billie Piper (Secret Diary of a Call Girl, Mansfield Park, A Passionate Woman) dans le rôle de sa Companion Rose.

Les débuts de ce New Who tâtonnaient un peu. On cherchait un ton restant fidèle au matériel d'origine, à base de science-fiction fantasque, d'humour bien placé et d'exploitation de nos peurs d'enfance, tout en s'adaptant à la narration moderne des années 2000, se basant sur la rapidité, l'efficacité (chaque épisode de Classic Who était un serial composé souvent de 4 à 6 épisodes d'environ 30 minutes, donc on peut dire qu'ils prenaient vraiment leur temps pour raconter leurs histoires) et une certaine recherche de continuité (tant dans les arcs que dans l'évolution des personnages).

Une des inspirations de RTD était les séries de Joss Whedon, en particulier Firefly. C'est en fait dans un forum sur Firefly que j'ai entendu parler pour la première fois de Doctor Who. Il y a dans ce New Who un travail sur le développement des personnages, leurs origines tout comme leurs aspirations, qui n'existait tout simplement pas dans Classic Who. Et que, je trouve, améliore grandement une série au concept génial et dont le personnage principal est extraordinaire et pourrait avoir sa photo (ou plutôt une de ses onze photos) à côté du mot "icône" dans le dictionnaire. Ce travail soigné sur les personnages principaux, tout comme le souci du détail accordé au traitement des personnages secondaires, est la grande force de toute l'ère de RTD et ce qui me manque le plus à présent que la maison a changé de tenancier.

Les premiers épisodes de la saison 1 sont parfois maladroits, mais d'entrée les personnages captent l'attention du spectateur, lui permettant une certaine souplesse et une certaine tolérance face aux premiers scripts pas toujours fins ni solides. On nous présente, à travers le regard de l'excellente Rose Tyler, une jeune humaine de 19 ans qui vit sa vie en espérant mieux, le Doctor. Mystérieux, puissant. Il combat nos peurs enfantines, celles d'objets inanimés prenant vie, des monstres se tapissant dans nos placards ou sous nos lits. C'est un génie. Il a un sens de l'humour sarcastique. Il peut être sec et brutal. Il est très alien. 

Et derrière cette première impression cartoonesque, on sent une profondeur, effleurée dès qu'on parle de ses origines, de sa planète, de sa solitude. On tient là l'arc principal du personnage sous l'ère RTD, un arc intense et profond, attaché à une douleur et une culpabilité qui dessineront le personnage, ses réactions et ses motivations pendant quatre ans et demi.

A côté de ce personnage incroyable, on ajoute la jeune Rose Tyler, qui donne un gros coup de pied dans la ruche des Companions depuis Classic Who en ayant des racines, une famille et des amis, qui participent à la définir. De plus Rose n'entre pas dans la vie du Doctor par hasard, c'est une aspirante aventurière qui fait le choix conscient de tout abandonner pour découvrir l'Univers et se lance dans un voyage initiatique classique sur le thème de quitter son foyer, sa famille pour se découvrir (cela m'aurait fait énormément plaisir de voir Doctor Who pendant mon enfance, ou même mon adolescence, car avoir une héroïne féminine de voyage initiatique aussi exemplaire que Rose Tyler m'a toujours manqué).
Dalek (1.06), For the last time, no, I won't go to the prom with you.

En même temps que se dessinent et évoluent ces deux personnages, ainsi qu'une romance platonique affreusement charmante entre eux, les scripts s'affirment. Le premier tournant de cette première saison de New Who est à mon avis l'excellent épisode Dalek (1.06) qui saute à pieds joints dans la thématique du traumatisme de la dernière Guerre du Temps qui a conduit à l'annihilation du peuple du Doctor, les Time Lords, tout en introduisant brillamment l'ennemi emblématique du Doctor depuis presque cinquante ans (on regrettera que Robert Shearman, l'excellent scénariste de cet épisode, n'a plus rien produit pour la série par la suite).

La fin de saison 1 enchaîne ensuite les bonnes idées, le premier épisode de Steven Moffat The Empty Child (1.09)/The Doctor Dances (1.10) est toujours considéré comme l'un des meilleurs épisodes de la série, le personnage du Captain Jack Harkness ultra populaire (et qui aura sa propre série spin-off Torchwood) est introduit et enfin la saison se conclue sur l'arc emblématique du Bad Wolf et la régénération déchirante du Doctor. Car oui, à peine avons-nous eu le temps de comprendre que nous idolâtrions Christopher Eccleston dans le rôle du Doctor, qu'il s'en va, nous laissant éplorés.

Pas pour longtemps. 

David Freaking Tennant s'installe dans les starting blocks.

DOCTOR WHO SAISON 2

The Army of Ghosts (2.12), "How long are you gonna stay with me ?"

La raison de la longévité de la série Doctor Who est loin de s'expliquer simplement par la créativité, l'humour et le talent de son équipe. Le fait est que pour durer aussi longtemps, la série s'est prêtée à un jeu de chaises musicales intense, renouvelant constamment son casting. A vrai dire, dans New Who, jamais le casting n'est resté constant d'une année sur l'autre. La saison 6 qui commencera prochainement sera la première exception (malheureusement ...). Donc si notre chère et adorée Billie Piper reprend le rôle de Rose Tyler, le Doctor se régénère (la parade scénaristique qui a justifié toutes ces années le changement d'acteur principal dans la série) et est interprété pour sa dixième version par l'inénarrable David Tennant (Casanova, Blackpool, Harry Potter et la Coupe de Feu).


Ah, David Tennant. Que de fans passionnés il a suscité. Il a rendu un grand service à la série (même si celle-ci n'en avait pas tellement besoin au vu des audiences de la saison 1) en devenant le Doctor le plus populaire de l'histoire de la série (battant même l'indétrônable Tom Baker des années 70). Son talent d'acteur, sa jeunesse et son énergie ont fait de lui un véritable cadeau pour les fans, d'autant plus qu'il était lui-même fan de la série : son ère dans la série était particulièrement jouissive. 

The Idiot's Lantern (2.07), Hi, we can't hear you over the sound of how awesome we are !

Tennant nous a composé avec aisance un Doctor geek et fun, armé de brainy specs, de Converse, d'un costume à rayures et d'un manteau épique offert par Janice Joplin. Il sautillait de partout, nous donnait littéralement envie de traverser l'écran pour courir à ses côtés en riant à la face du danger, balançait des références à la pop culture aussi facilement que de la technobabble, toujours à 100 à l'heure et toujours en parlant. Enormément. 

Malgré tout, derrière cette apparence joviale, enthousiaste et hyperactive, cette version du Doctor était loin d'être guérie des maux qui avaient tourmenté son prédécesseur. Plus poignants encore, les passages soulignant ses peurs, sa culpabilité, et sa solitude prenaient un peu plus d'ampleur lorsqu'on constatait avec quel désespoir il tentait de les dissimuler sous ses plaisanteries fréquentes et son attitude cabotine. 

Avec ce Doctor, on a autant ri que pleuré, et Tennant a relevé avec brio la tâche pourtant difficile de remplacer Eccleston dans le coeur des fans. Je dois dire qu'à titre personnel j'étais extrêmement sceptique lors de sa toute première scène et seulement un épisode et demi après j'étais sous le charme et riais de mon initiale défiance.


The Satan Pit (2.09), The Stuff of Legend


Eloges de David Tennant à part, cette saison 2 a bénéficié d'une qualité un peu plus constante que celle de la saison 1, mais le fait de chercher à installer un nouveau Doctor et ce genre de remise à zéro pour un New New Doctor Who n'a pas facilité la tâche des auteurs. Certains épisodes étaient ratés, d'autres moyens. En revanche les épisodes réussis, tout comme en saison 1, étaient particulièrement spectaculaires. Je pense notamment au cultissime The Girl in the Fireplace (2.04), à l'un de mes favoris The Impossible Planet (2.08)/The Satan Pit (2.09) ou au très lacrymal et épique final en deux parties The Army of Ghosts (2.12)/Doomsday (2.13).


L'arc global de la saison, toujours en comparant avec celui un peu hasardeux de la saison 1 (les mots Bad Wolf disséminés toute la saison pour ne prendre leur sens que lors du retournement de situation final) était plus cohérent et homogène. Tout en utilisant la sympathie déjà acquise pour une Rose Tyler aventurière à plein temps, amie et éprise du Doctor, nous découvrons et acceptons cette nouvelle et fringante version du Doctor et parallèlement sommes préparés au départ annoncé de Billie Piper (oh, Billie, je t'aime, mais pourquoi nous as-tu lâchement abandonnés ?).


On nous prophétise à plusieurs reprises le(s) futur(s) coeur(s) massivement brisé(s) du Doctor et de Rose d'une part en nous exposant à leur relation de plus en plus profonde (via des scènes indifféremment adorables, épiques ou symboliques) et d'autre part en parsemant leur chemin d'oiseaux de malheur leur prédisant que leur insouciance et leur folie douce seront un jour punies. On nous annonce même la mort de Rose, et c'est dans un sens ce qu'il lui arrive, en étant séparée pour toujours du Doctor, la Rose que nous connaissons, la Rose amoureuse, la Rose with the Doctor in the Tardis just as it should be meurt. Et tout le monde pleure. 


Doomsday (2.13), Quand Rose pleure, des chatons et des licornes meurent dans le monde


Et c'est bien pour ce voyage émotionnel que la saison 2 marche vraiment à mes yeux, même si on peut arguer qu'objectivement sa qualité est à peine supérieure à celle de la saison 1, elle demeure un de mes moments favoris de la série. C'était l'époque où, après avoir été une spectatrice bienveillante et intéressée en saison 1, je devenais une spectatrice enthousiaste. La fin de saison 2 a suffisamment bien brisé mon petit coeur de fan, pour que je sois prête et mûre à me transformer en vraie fan obsédée avec la saison 3 s'annonçant. 

L'épique ne fait que commencer.


DOCTOR WHO SAISON 3

The Sound of Drums (3.12), Team Tardis is Serious Business


La saison 3 de Doctor Who démarre à la fois avec un avantage et un handicap. L'avantage c'est David Tennant, jouant un Doctor devenu ultra populaire en l'espace d'un an, et qui en ce début de saison peut éclater sa palette de jeu grâce à la tragédie que son personnage a vécu en fin de saison précédente (la première parmi une longue lignée de tragédies de fins de saison) et qui va l'amener à le faire évoluer. Le Doctor de la saison 3 n'est pas le Doctor insouciant, happy-go-lucky de la saison 2 et il se montrera au fil des épisodes instable, développera un God Complex et à une ou deux reprises sera à la limite du suicidaire. Je sais, je sais, ça commence gaiement, mais tout le monde sait qu'une saga devient toujours un peu plus cool quand son atmosphère s'assombrit (demandez à George Lucas et J.K. Rowling).

Le, plus ou moins selon votre degré d'affection envers Rose Tyler, handicap réside dans le changement de Companion. Après la perte de Rose, le Doctor rencontre brièvement la fantastique Donna Noble qui décline son invitation à le rejoindre dans ses voyages, lui ayant tout simplement fait peur (... il était dans un sale état dans cet épisode). Mais peu de temps après, il croise la route de Martha Jones, une étudiante en médecine, sensée et intelligente, qu'il invite à bord du Tardis un peu à reculons, craignant vraisemblablement de trop s'attacher de nouveau à quelqu'un qu'il ne peut qu'inévitablement perdre trop tôt.

Martha Jones (interprétée par Freema Agyeman, Little Dorrit, Law & Order Uk) "remplace" en quelque sorte Rose, ce qui n'est pas un rôle facile à remplir. Les habitués à Classic Who verront certainement moins le problème, mais lorsqu'un non initié découvre cette série en 2005, il associe la série au duo Doctor/Rose (et c'est d'autant plus difficile que Rose a aidé à faire la transition entre le Doctor d'Eccleston et le Doctor de Tennant et grosso modo joue le rôle de médiateur avec le spectateur). Quand Rose s'en va, on a un peu l'impression que la série a été sévèrement amputée. 

 Smith and Jones (3.01), Martha was so disappointed he wouldn't just strip

Avec un autre personnage que Martha Jones (hum hum ... A Noble Woman ?) la transition aurait peut-être été plus fluide. Oh Martha est un personnage qui a des qualités et qui est basé sur quelques bonnes idées, et elle a ses fans passionnés, mais puisqu'il s'agit d'une review subjective, mon point de vue est que pour faire oublier Rose Tyler, qui avait marqué de son empreinte la série sur deux ans et avait beaucoup évolué (elle était sacrément indépendante dans la seconde moitié de la saison 2), j'aurais sans doute préféré un personnage avec un tempérament plus incisif, qui n'aurait pas hésité à confronter le Doctor dans ses moments sombres.

Martha, de toutes les Companions de New Who est la plus réfléchie et la plus raisonnable. En ce sens, le Doctor pouvait vraiment compter sur elle, elle obéissait sans problème à ses directives, était prévisible et n'était pas du genre à partir vagabonder loin de sa surveillance. Le Doctor, occupé qu'il était par son propre chagrin, ses tendance suicidaires et génocidaires et tout ça, en a profité, et Martha est probablement la Companion avec laquelle il a été le plus égoïste. Et insensible (puisqu'il la mettait inconsciemment en compétition avec le souvenir de Rose).

Le problème c'est qu'en plus de cet aspect, Martha Jones était amoureuse du Doctor. Elle l'a aimé quasiment dès leur rencontre, sans espoir, puisque le Doctor ne le voyait même pas (ou du moins faisait comme s'il ne le voyait pas, c'est difficile à savoir avec lui). C'était un angle intéressant, pour contraster avec la dynamique du Doctor/Rose des deux premières saisons et je comprends ce choix de la part de RTD. 

Le problème c'est que Martha met en conséquence le Doctor constamment sur un piédestal, ne le confronte presque jamais et ne lui dit pas "stop", comme on a déjà vu Rose Tyler et Donna Noble le faire. Cela rend leur relation assez inégale et franchement embarrassante. Je n'ose imaginer le nombre de moments étranges et de silences gênés qu'il y a pu avoir entre eux deux dans le Tardis entre deux aventures.

Outre cette relation déséquilibrée entre le Doctor et sa Companion qui a rendu le début de saison 3 un peu difficile pour moi, la première moitié est composée d'épisodes assez faibles. La petite aventure des Daleks à New York dans les années 20 est un épisode largement décrié, The Lazarus Experiment (3.06) est bourré de maladresses et surtout cette première moitié de saison 3 contient le premier épisode de Doctor Who écrit par Chris Chibnall, scénariste qui me causera un ulcère lors de mon visionnage de la saison 5. 

Blink (3.10), The Time Tongue is Out

Sauf que. Sauf que la saison 3 a une seconde partie, et cette seconde partie contient parmi les meilleurs épisodes de toute la série. Nous avons alors droit à un florilège de scripts brillants et passionnants qui parviennent à renouveler la créativité de la série, et à poser de sacrés challenges à David Tennant au niveau interprétation. Human Nature (3.08)/Family of Blood (3.09) est dans mon Top 5 de mes histoires favorites de Doctor Who. Blink (3.10) est un épisode emblématique du travail de Steven Moffat et la saison s'achève sur un triptyque monumental utilisant un ennemi culte du Doctor : le Master. 

Avec le Master, non seulement la série ressuscitait un personnage symbolique de Classic Who mais permettait un type de confrontation différent (si l'on compare avec les Daleks et les Cybermen), puisque le Master était un individu, et qu'il avait une histoire commune avec le Doctor très longue. Ce meilleur ennemi du Doctor favorisait un affrontement proche du duel, exploitait le deuil et la culpabilité du Doctor puisqu'il cherche à tout prix à sauver cet homme malgré sa folie incontrôlable et induisait une certaine intimité entre le Doctor (qui s'était beaucoup distancié d'autrui dans cette saison) et le Master grâce à une couche très épaisse de sous-texte homo-érotique.

En somme, la saison 3 de Doctor Who est parvenue à renouveler encore une fois la série, sans oublier son passé (j'ai beaucoup apprécié que Rose soit mentionnée régulièrement et que le spectateur ait la possibilité de faire son deuil en même temps que le Doctor), en approfondissant son personnage et en s'appuyant brillamment sur Classic Who. C'est la saison qui m'a vraiment rendue fan et m'a fait commencer les plus anciens épisodes de la série.

Mais je n'avais encore rien vu.

DOCTOR WHO SAISON 4

Turn Left (4.11), Admire the BFFness

Après les évènements riches en émotion et franchement épiques de la fin de saison 3, le Doctor se retrouve de nouveau seul et il retombe sur Donna Noble, interprétée par Catherine Tate  (The Catherine Tate Show) qui devient sa Companion au cours de cette saison. Meilleure.Idée.Au.Monde.

La saison 4 de New Who est à mon sens quasi-parfaite. Elle est ma favorite. C'est tellement impeccable que je n'ai pas grand-chose à en dire. Avec Donna Noble, le Doctor trouve une partenaire qui pour la première fois n'éprouve aucun sentiment de nature romantique envers lui, ce qui nous épargne enfin un futur coeur brisé (encore que ...). Donna est une amie, celle qui va lui dire qu'il se comporte comme un idiot quand il se comporte comme un idiot, qui va le soutenir dans les dures épreuves et qui sera heureuse pour lui lorsque quelque chose de bien lui arrivera (même si ça ne dure que quelques minutes).

L'équilibre entre les deux personnages est parfait et les deux acteurs partagent un timing comique frisant le miraculeux, tout en se calant impeccablement sur le travail de l'autre dans les scènes plus intenses. La saison 4 est définitivement celle à l'acting le plus calibré et le plus juste. 

Turn Left (4.11), J'aime mes Companions blondes, rousses et épiques

En outre, la qualité des scripts est extrêmement homogène. On aura peut-être un peu moins d'épisodes spectaculaires (à part sans doute Midnight (4.10) et Turn Left (4.11) et à la limite The Fires of Pompei (4.02)), mais la qualité sera beaucoup plus constante avec aucun ratage à mon sens (à part Voyage of the Damned (4.00) et peut-être The Doctor's Daughter (4.06) encore qu'il avait ses qualités ...) et juste deux two parters en de-ça de ce qu'ils auraient pu être : The Sontaran Stratagem (4.04)/Poison Sky (4.05) et Silence in the Library (4.08)/Forest of the Dead (4.09) le premier épisode mitigé de Steven Moffat pour la série.

La saison 4 était de plus la dernière saison de l'équipe en place. RTD a annoncé son départ en cours de diffusion de la saison et avait déjà pris sa décision pendant son écriture, et David Tennant, s'il ne l'a annoncé que des mois après, était également sur le départ. Enfin, Catherine Tate n'avait pas prévu de faire plus d'un an sur la série. Le spectateur s'était donc retrouvé face à une saison non seulement très homogène, mais très intense, qui faisait appel et références à tous les éléments des saisons passées, non seulement dans les clins d'oeil et intrigues, mais aussi dans le retour de nos personnages adorés. 

Journey's End (4.13), Sad. Sad. Sad. Saaaaaaaaaaaaad. A Sad of Sad Sadness.

Au final la très grande qualité des épisodes, l'intensité permanente du fil rouge et l'épée de Damoclès pendue au-dessus de personnages, le tout accompagné de fréquents guest stars et du retour imminent d'une certaine Rose Tyler, ont fait de cette saison 4 un pur régal et ma favorite. 

Bien vite, on annonça que Steven Moffat reprenait les rênes de la série avec un tout nouveau Doctor, et pour nous préparer au changement d'ère, l'équipe de RTD et Tennant nous promettait une série de cinq épisodes spéciaux diffusés sur un an, afin de dire adieu.

DOCTOR WHO LES SPECIAUX OU SAISON 4.5

The End of Time Part 1 (4.5.04)

Suite aux évènements traumatisants de la fin de saison 4 où le Doctor perdait Donna Noble et une Rose Tyler qu'il venait pourtant de retrouver, c'est sujet à une certaine dépression et un refus de voyager avec qui que ce soit que le Doctor reprend ses aventures. Ainsi chacun des spéciaux nous présentait un one time Companion qui ne demeurait pas avec le Doctor, soit parce qu'il n'était pas intéressé, parce que le Doctor le rejetait ou tout simplement parce qu'il ne survivait pas (... je peux vous dire de suite que ça n'a pas arrangé la dépression du Doctor).

Entre ces différentes histoires, un petit arc se forme. On annonce au Doctor dans une prophétie sa mort prochaine, et combinée à ses pertes récentes et sa solitude, on le voit au fur et à mesure que son heure approche toucher le fond. 

Ces derniers épisodes de David Tennant ne sont pas forcément les meilleurs de la série au niveau de l'écriture, mais ils sont extrêmement intenses émotionnellement parlant. Le personnage que l'on suit depuis cinq ans arrive au bout de son voyage, un voyage qui s'est bâti sur les cendres de son propre peuple et qui au fil des ans s'est alourdi de nombreuses autres pertes. Ereinté, il frôle la folie, remet en question ses morales et son rôle dans un Univers qui a tendance à se foutre de lui, tout en se débattant contre cette mort annoncée qu'il refuse de voir en face.

Cela a été critiqué, par une partie des fans, notamment les fans de Classic Who et ceux qui ont toujours attendu de Doctor Who du pur divertissement. A titre personnel, même si cela pouvait être éprouvant à regarder, je suis reconnaissante que RTD et son équipe aient fait ce choix et soient allés au bout de l'arc du personnage. Je leur en suis d'autant plus reconnaissante a posteriori que la nouvelle ère de Doctor Who est extrêmement pauvre en caractérisation. 

The End of Time Part 2 (4.5.05), Knock knock knock knock

La fin du Doctor de Tennant le met littéralement face à ses démons et lui permet de fermer la porte, de faire enfin son deuil et de se libérer de sa culpabilité. Il meurt, toujours réticent à quitter cette version de lui-même et ses expériences, et après avoir rendu hommage à toutes ces personnes lui ayant brisé les coeurs au fil des ans, car cette version du Doctor était une version du Doctor qui aimait.

Malgré les quelques faiblesses des derniers scripts de cette ère, j'ai apprécié la façon dont ils apportaient une véritable conclusion à cette ère de la série qui m'avait tant passionnée. David Tennant quant à lui tire sa révérence au sommet de sa forme, prouvant que même après quatre ans, il était encore capable de montrer de nouvelles facettes de cet excellent personnage qu'il a servi merveilleusement.

Avec ça, la série a changé de taulier.

DOCTOR WHO SAISON 5

 Matt Smith, le 11ème Doctor

Steven Moffat, l'artisan derrière de nombreux épisodes cultes de Doctor Who depuis son reboot, reprend donc la boutique et de façon très attendue : ses épisodes sont aimés, ses séries précédentes (Coupling, Jekyll) sont aimées et tout le monde attend un Miracle Moffat, qui fera d'une bonne série SF une série encore meilleure avec une écriture plus solide et régulière. 

La saison 5 a beaucoup plu et il est rare d'en trouver des détracteurs. Personnellement j'ai eu beaucoup de mal à adhérer au style de Moffat. Sur le papier, New New New Who avait tout pour elle : la série gagnait un casting jeune et prometteur (et je n'ai rien à dire de négatif sur le travail de Matt Smith interprétant le Onzième Doctor), se faisait un ravalement de façade et changeait entièrement l'équipe pour repartir sur des bases nouvelles.

Plus qu'une continuité à ce qu'avait proposé Russell T Davies, Steven Moffat a comme opéré un second reboot, gardant des éléments de la version 2005 de New Who, tout en puisant beaucoup plus dans Classic Who dans l'écriture des personnages et des rapports Doctor/Companion. Pour ajouter sa patte personnelle, il instaure une atmosphère particulière qu'il appelle "Dark Fairytale" et destine la série de façon beaucoup plus prononcée à la fois aux jeunes enfants et aux vieux fanboys.

Peu étonnant que je passe à côté. Le fait est que je ne trouve pas cette saison ratée d'un point de vue objectif. Elle est esthétiquement réussie, et les scripts se tiennent plus ou moins, certains sont réussis, d'autres ratés, et en ce sens cela ne diffère pas tellement du niveau des saisons précédentes. Ma grosse déception se fixe surtout sur l'écriture des personnages qui ... est plus qu'insatisfaisante.

Moffat lui-même a déclaré que c'était dans sa conception de l'écriture de faire peu de cas du développement des personnages, d'évolution et de continuité. Les personnages sont clairement à ses yeux des outils destinés à raconter une histoire et il va les faire vivre en se basant uniquement sur des gimmicks. Ce qui est à vrai dire assez cohérent puisque ça colle parfaitement à l'aspect conte de fées qu'il voulait donner à la série : les personnages sont associés à quelques traits de caractère grossiers, mis dans une situation et n'en bougent pas. 

The Eleventh Hour (5.01), The Girl Who Waited & The Guy Who.Freaking.Waited.Way.Too.Long. Seriously Dude, what the hell ? Get a life.

Au final, sans être désagréables, ses personnages sont figés et clichés et ne gagnent jamais en profondeur. C'est un style, et peut-être que ça ne dérange pas la plupart des spectateurs, mais j'ai trouvé ça insupportable surtout lorsqu'on considère que l'ère précédente de Doctor Who faisait du bon travail dans l'écriture des personnages. Cela m'a énormément manqué, et je me suis retrouvée à regarder une série chaque semaine sans parvenir à accrocher aux personnages, sans m'attacher à eux et conséquence pénible : sans réussir à m'intéresser à ce qu'il leur arrivait. De fan enthousiaste, je suis passée à de l'indifférence en l'espace de 13 épisodes. 

Ce qui aurait pu à la limite racheter ce manque de finesse et de profondeur des personnages, aurait été une écriture très solide et ciselée avec un arc brillant. C'était ce que j'attendais de Moffat et je me suis obstinée à m'investir dans la saison 5 persuadée d'être au final récompensée.

Ce n'était pas forcément le cas pour les épisodes indépendamment (à mes yeux la seule véritable réussite d'un bout à l'autre de cette saison était l'épisode Vincent & the Doctor (5.10) les autres épisodes allant généralement du "pas mal" au "bon", moins les catastrophes qu'étaient The Beast Below (1.02), Amy's Choice (1.07), The Hungry Earth (5.08)/Cold Blood (5.09) particulièrement que j'aimerais littéralement effacer de ma mémoire à tout jamais).

J'attendais en revanche énormément de l'arc de la saison, notamment à partir de l'épisode Flesh and Stone (5.05) où l'on nous présentait une scène avec un Doctor visiblement venu d'une autre timeline pour parler à Amy, ce qui nous promettait un véritable casse-tête et un final aux révélations à nous décrocher la mâchoire. 

Ce ne fut carrément pas le cas. Agréable et amusant à regarder, le final de la saison 5 se termine sur une note joyeuse et positive, mais est diablement anticlimatic, et une fois la vague euphorie passée, on commence à se rendre compte que l'auteur s'est un peu fichu du spectateur. Au lieu d'un miracle Moffat, j'ai eu une saison d'une qualité normale en prenant les épisodes individuellement, honnêtement décevante en matière d'arc annuel (et on critique souvent les deus ex machina des épisodes finaux de RTD mais là en matière de deus ex machina avec The Big Bang (5.13) on se pose là), et pire encore, sans avoir envie de retrouver le moindre des personnages la saison prochaine. 

Matt Smith a réussi à tirer son épingle du jeu en composant un Doctor amusant, baigné d'une glorieuse incompétence, de maladresses sociales chroniques mais un peu vague, composite de tous les précedents Doctors depuis 1963 et manquant grandement de profondeur (ça peut changer avec la saison 6). 

En revanche les personnages secondaires sont catastrophiques : la Companion officielle Amy Pond est une femme-enfant passive et globalement antipathique dont on espère vraiment que le comportement va évoluer à présent que son passé n'est plus comblé d'innombrables trous (suite au final de la saison) et son époux Rory est un pauvre garçon amouraché à l'excès d'une femme qui le traite très mal sans raison et n'a qu'une once de personnalité qui peut se résumer par ... Rory aime Amy. On se demande pourquoi. 

Quant à River Song, maladroitement introduite dans le two parter de Moffat en saison 4 elle apparaît plus amusante et légèrement moins condescendante, mais il n'empêche qu'elle est pour l'instant plus un point d'intrigue ambulant qu'un véritable personnage, ce qui rend la tâche d'apprendre à l'aimer impossible pour le moment.

En conclusion, après avoir follement aimé Doctor Who pendant 4 saisons et quelques, je me retrouve désarmée face à une saison 5 qui n'était pas ratée à proprement parler, mais qui a eu du mal à susciter en moi un quelconque intérêt. Je me dirige vers la saison 6 prudemment, espérant qu'à présent que la période de "rodage" cette New New New Who est terminée, elle parvienne enfin à me convaincre. Sinon, il ne me restera plus qu'à attendre un nouveau changement d'équipe : c'est l'avantage avec un concept qui se renouvelle aussi facilement et régulièrement que Doctor Who. 

Bref, 23 Avril ? Bring.It.On.