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vendredi 8 juillet 2011

C'est l'histoire d'une fan qui meurt.

DOCTOR WHO
A GOOD MAN GOES TO WAR (6.07)


Et c'est ainsi qu'une série chute, sous les applaudissements du public.



Il s'agit probablement de ma dernière review de Doctor Who. Je suis masochiste, mais sans doute pas à ce point-là. La série a à présent dépassé mon seuil de tolérance. J'ai même fait un graphique pour illustrer où en est mon seuil de tolérance.



Et encore, - 21 pour A Good Man Goes to War me semble généreux.

J'ai rarement autant détesté un épisode de série télévisée. Je me rends bien compte qu'étant une ancienne fan de la série (non, pas ancienne fan, je suis toujours fan de l'ère RTD de Doctor Who) mes réactions ne sont pas aussi rationnelles et objectives que je le souhaiterais. Mais même en mettant de côté le plus loin possible tous mes griefs "personnels" contre cet épisode, je ne vois absolument ce qu'on pourrait trouver de bon dans cette mouise de 42 minutes. Et pourtant, le travail de Moffat est toujours acclamé. Je ne comprends pas. Jamais de ma vie je n'ai été aussi complètement et radicalement décalée d'un fandom. C'est littéralement incompréhensible. 

Un bref résumé, avant de plonger dans tout ce qui ne va pas dans l'épisode, me donne l'impression qu'on me prend pour une idiote, et me rend même honteuse de regarder Doctor Who.

Suite au pénible précédent double-épisode des clones (que je ne vais pas reviewer, parce que je m'ennuyais tellement que je ne l'ai regardé que d'un oeil, en faisant autre chose en même temps), on découvre que l'Amy Pond qui voyageait à bord du Tardis depuis le début de la saison 6 n'était pas Amy mais son clone. La vraie Amy a été kidnappée, pour que des ennemis du Doctor (...) contrôlent sa grossesse et récupèrent l'enfant (...), Melody Pond (...), à moitié Time Lord (...) non pas parce que le Doctor en est le père mais parce qu'elle a été conçu dans le Tardis en plein vol (...). Leur but étant de faire de la gamine une super-arme (...) pour détruire le Doctor (...).

Je sais, c'est complètement débile. Vous n'avez encore rien vu.

Le Doctor décide alors de lever une armée (... doit.réfréner.mon.envie.de.hurler ...) pour récupérer Amy. Cela prend la moitié de l'épisode. Ensuite, pendant que les deux armées s'entretuent, Amy et son enfant sont récupérées. Sauf que la gamine était aussi un clone ! Et les méchants s'enfuient avec le bébé ! Quel drame !

Oh, et River Song est Melody Pond.

The End.

Par où commencer ? La stupidité de l'intrigue ? Son manque d'originalité ? Son sexisme ? Sa débilité profonde ? Que de choix !
Les rebondissements de cette histoire sont tous ridicules. Même en admettant que seul un Time Lord, ou un être en l'occurrence mi-Time Lord mi-humain soit capable d'arrêter le Doctor là où des armées s'y cassent les dents (ce qui est déjà difficile à avaler, considérant que le Master, la Rani et Rassilon ont tous perdu contre lui, et ce sont des Time Lords à 100%) : comment savaient-ils que la Companion du Doctor et son époux attendaient un heureux évènement ? Et comment savaient-ils que concevoir un enfant dans le Tardis en plein vol rendrait ledit enfant à moitié Time Lord ?

Mais surtout : COMMENT SOMMES-NOUS SUPPOSES AVALER UNE IDEE AUSSI IDIOTE ? On en a vu des deus ex machina ridicules dans Doctor Who, et over-the-top, comme DoctorDonna, Bad Wolf, Tinkerbell Jesus Doctor ou le Metacrisis Doctor ... Mais ils vont trop loin sur ce coup-là. Comment le simple fait d'avoir des relations sexuelles dans un vaisseau spatial pourrait créer un hybride ? Elle a le bon dos, l'énergie artron. Pensez-y deux secondes : Rose, qui absorbe le Time Vortex du Tardis, n'a aucune séquelle. Le clone du Doctor, aussi né dans le Tardis (!) et de la main même du Doctor, et est donc techniquement mi-Time Lord mi-Humain, ne peut pas se régénérer. 

Par contre si tu couches une fois avec quelqu'un dans le Tardis, tu donnes totalement naissance à des hybrides Time Lords qui peuvent se régénérer. Aucun problème.

C'est encore pire lorsqu'on nous révèle que River Song est ladite gamine mi-humaine, mi-Time Lord. Vous savez, je n'aime pas utiliser l'expression Mary Sue. C'est facile, galvaudé. Mais de toute évidence, River Song a voyagé dans le temps pour servir de modèle à la toute première. C'est tellement ridicule et affligeant que je ne sais pas par où commencer. Si au moins c'était une réelle surprise : mais depuis l'ouverture de la saison, on se doute déjà fortement que River est la fille d'Amy. A vrai dire, depuis que j'ai appris il y a trois ans que la Companion du nouveau Doctor s'appellerait Pond, j'avais deviné qu'elles auraient un lien de parenté. 






Au-delà des révélations idiotes, le rythme de l'épisode était affligeant. Pendant exactement 18 minutes sur 42, tout le monde parle sans qu'il ne se passe quoi que ce soit. Dans le camp des kidnappeurs d'Amy on passe le temps à raconter à quel point le Doctor est terrifiant et menaçant et imbattable et épique et légendaire. Dans le camp des alliés, recrutés les uns après les autres pour aider parfois contre leur gré le Doctor, on passe le temps à faire exactement la même chose.

Et c'est tout. Pendant la moitié de l'épisode, c'est absolument tout ce qu'il se passe. 

Le Doctor décide finalement de se montrer, dans une scène clichée au possible où il révèle sa présence "surprise" parmi une série d'hommes encapuchonnés, ce qu'on voit venir à 27 kilomètres environ puisque c'est un procédé qui a été utilisé encore et encore et encore et encore jusqu'à ce qu'on en vomisse de lassitude par toutes les fictions du monde. Cela a même été utilisé dans Mortal Kombat. Et ce n'est pas le seul navet auquel cet épisode vole une idée lamentable, et malheureusement pas le pire. J'y reviendrai en parlant de River Song.
Et puisqu'on on est au recyclage des idées des autres, les pénibles 18 premières minutes copient de façon évidente l'univers Star Wars. Moffat : il y a une différence entre la référence, voire l'hommage, et le plagiat. 

Revenons-en à l'histoire. Le Doctor se décide enfin à entrer dans l'intrigue, et au pire moment : pendant un quart d'heure différents personnages dont on n'a rien à faire passent leur temps à décrire à quel point il est épique au lieu d'avoir, je ne sais pas, des conversations qui nous aideraient à connaître leur identité et comprendre qui ils sont pour qu'on s'intéresse à eux et à leurs destins (certains n'ont même pas de nom : ah oui, très drôle, ce sont les deux seuls (!) hommes gays de l'armée donc forcément ils n'ont pas besoin de noms et non, ce n'est pas du tout offensant), et ainsi cette surenchère a l'effet inverse puisqu'on s'impatiente et les déclarations grandiloquentes sur la personne du Doctor paraissent plus idiotes les unes que les autres.



Ce qui est d'autant plus ridicule considérant qu'après sa fameuse arrivée le Doctor ... ne fait rien  ? Tous ces personnages qui ont passé leurs scènes d'introduction à déclamer à quel point il était extraordinaire au lieu d'être introduits, se battent et meurent à cause de ce conflit absurde, pendant que le Doctor gigote, apprend ce qu'est l'enfant d'Amy (et cela semble le consterner autant que nous) et au final se fait berner et voler l'enfant sous le nez.
Oui, un héros de légende épique, c'est sûr. Cela valait totalement le coup, de le répéter pendant 18 minutes en boucle.

Avant le Doctor, c'était le héros qui sauvait l'Univers en s'appuyant sur son intelligence et ses paroles. Il n'avait pas besoin de lever des armées pour sauver une planète entière, une galaxie, ou même juste sa Companion (et Amy Pond est vraiment une Hélène du pauvre). En fait, il méprisait les guerres et les armées. Il détestait que ses amis ou que les gens qu'il touche se transforment en soldats. Tout ce qui faisait la ligne principale du personnage depuis des années, est piétiné par cet épisode. Il pousse des gens à prendre les armes, il leur fait même du chantage pour les forcer, il enclenche une guerre pour rien (car oui, Amy Pond n'est rien).

Et nous sommes censés avoir de la peine pour lui quand il découvre tous les cadavres à la fin de l'épisode ? Toutes les personnes qui ont été massacrées du fait de son incompétence et de sa stupidité ? Et est-ce vraiment son "heure la plus sombre" d'après les termes de River Song ? Et si ce n'est pas ça, je me demande vraiment ce qu'ils vont bien pouvoir sortir de plus sombre que d'être responsable du génocide de son espèce et de la destruction de sa planète, deux fois. Sans compter que le discours moralisateur de River Song à ce moment est mal venu considérant qu'elle n'est pas exactement un personnage moral, ou modèle.






Enfin, le "dénouement" de l'intrigue River Song est vraiment ce qui me met le plus en colère. Le reste, pourrait encore passer pour juste un mauvais épisode, mal pensé et mal écrit, où l'on fait beaucoup de beaux discours et où l'on multiplie les références comme de la poudre aux yeux pour masquer le néant de l'intrigue, mais inoffensif. La levée d'armée du Doctor est franchement Out Of Character et est terriblement agaçante, mais je pourrais à la limite fermer les yeux. Mais River Song, je ne peux pas.

Elle n'a aucun libre-arbitre. Dès sa naissance, elle est destinée à être modelée pour être la femme parfaite pour le Doctor. Elle est plus qu'influencée et éduquée par lui à un âge où elle est influençable. Dès sa naissance, elle est soumise à l'influence du Doctor, elle est sa promise alors qu'elle est dans ses couches. C'est répugnant, c'est anti-féministe, c'est complètement débile, et pire insulte : c'est Twilight. Doctor/River = Jacob/Renesmée. Je ne comprends pas qu'à partir du moment où Doctor Who réutilise une intrigue de Twilight des hordes de fans enragés n'aillent pas protester devant la maison de Steven Moffat. Je suis atterrée. Je me sens insultée, et nauséeuse. Les romances pédophiles de Steven Moffat ont encore frappé et c'est la pire depuis le début.

Par pitié, que quelqu'un l'arrête.

En attendant, je me retire de ce fandom. Comme l'a si bien dit une Companion Old School, Tegan Jovanka, avant de tirer sa révérence "It stopped being fun". 

La série est devenue ridicule, son showrunner pond ses pires épisodes, clichés et sans originalité, ce qui est d'autant plus insultant qu'on sait qu'il est capable de mieux que ça. Le sous-texte de l'ensemble est anti-féministe et on prend globalement les spectateurs pour des idiots. La série est juste pénible à regarder. Je ne comprends pas ce que les fans de Moffat ou de la série dans son état actuel voient que moi je ne vois pas, mais je sais qu'il faut que j'arrête de chercher, avant que l'ère Moffat ne me fasse détester rétroactivement Doctor Who dans son ensemble. J'ai encore de bons souvenirs de l'ère RTD de la série, et je vais donc en profiter et passer à autre chose.


NOTE : I Hate Everything.





samedi 18 juin 2011

Psychose

GAME OF THRONES
BAELOR (1.09)

La toute première saison de Game of Thrones, adaptation pour HBO de la série de livres épiques d'heroic fantasy de George R. R. Martin, arrive à son terme. Je regrette vraiment de ne pas avoir écrit sur toute cette saison, mais j'avais fait ce choix délibérément puisque je lisais le livre parallèlement à mon visionnage de la série. A présent que je n'ai plus rien à lire, et que j'attends avec, très peu, je dois l'admettre, de patience ma commande des livres suivants, je peux en parler librement. Et ça tombe bien, étant données les clameurs de rage et de désespoir qu'a suscité l'avant-dernier épisode de cette saison après sa diffusion.
 
Cette review est à éviter à tout prix si vous n'avez pas vu l'épisode ou que vous n'avez pas encore regardé la série. Même si vous vous moquez de ne pas être spoiler free, sérieusement, détournez les yeux, allez faire autre chose, ou commencez carrément Game of Thrones. Cela vaut mieux pour tout le monde. 


Tout d'abord, puisque je n'ai encore jamais vraiment rien écrit sur cette série, je voudrais dire quelques mots dessus, en général. Elle me plaît. Elle me plaît énormément. C'est toujours satisfaisant de tomber sur une série qui parvient à allier la beauté visuelle, un cast varié et solide, une écriture subtile flirtant par moments vers le magnifique, tout en étant un plaisir à regarder. Game of Thrones, c'est de la telefantasy, traitée comme un luxueux et sophistiqué drama familial. La série a un petit peu été annoncée dans sa campagne de pub comme étant les "Sopranos en Terre du Milieu" et ce n'est pas faux. C'est une formule, et comme toutes les formules elle est restrictive, mais elle résume bien mon affection pour la série.

Je regarde des séries variées, tant en genres que qualitativement. Je regarde des séries qui me font rire ou qui me font pleurer, d'autres qui sont des guilty pleasures ou qui sont brillantes et me font réfléchir. Breaking Bad ou Mad Men vont satisfaire mon intellect de spectatrice. Doctor Who et Misfits plairont à mon inner!geek. Glee ... cultivera mon masochisme ? Toujours est-il que je retire généralement quelque chose de mes différentes expériences télévisuelles. Mais il n'est pas si fréquent qu'elles parviennent à converger.

Game of Thrones se place sur un créneau rare puisqu'elle attire la geek (Des Chevaliers ! Des Royaumes Imaginaires ! Des Dragons ! De la Magie ! Des Zombies !) tout en m'épatant par sa qualité, et son intelligence. La série est belle à regarder, les acteurs délivrent parfaitement des tirades brillantes et des dialogues intenses. De semaine en semaine je me retrouve passionnée par les intrigues politiques, les conspirateurs et leurs double-jeux, les stratégies militaires intriquées avec les destins familiaux, les questionnement identitaires, les rivalités et vieilles haines. Je suis, en somme, comblée de tous les côtés.

Le plus extraordinaire, c'est qu'avoir lu le premier roman au préalable, n'a gâché en rien mon expérience en découvrant la série. Elle se suffit à elle-même. J'ai eu beau connaître tous les points d'intrigues et retournements de situation, l'alliance de l'image, de la musique et d'acteurs crédibles donnant vie à ces complexes personnages créés par Martin, accroche. Tout nous entraîne dans cet univers, et on prend beaucoup de plaisir à se laisser capturer.

J'en arrive à l'épisode de cette semaine et à sa puissante scène finale. Je reviendrai sur son impact plus tard, mais je veux juste commencer cette review par saluer bien bas le travail fait par les auteurs/acteurs/réalisateur/compositeur, car ils sont parvenus à rendre ce passage du livre tout aussi poignant, voire plus, que lorsque je l'ai découvert la première fois. C'est déjà formidable.

Sur l'épisode, plus globalement : il était efficace, même si un peu précipité dans le déroulement de ses évènements. Depuis son premier épisode, malgré les nombreuses scènes d'exposition, expliquant le background parfois complexe des très nombreux personnages de cette série chorale, j'ai trouvé Game of Thrones plutôt bien rythmée. La série a toujours pris son temps, et fait parler ses personnages, s'offrant le luxe de donner à ses acteurs des tirades sonnant justes. Mais elle a aussi su gérer son temps, et s'arrêter de parler quand il le fallait, passer à la scène suivante avant de faire languir le spectateur.
Généralement chaque épisode était très fluide. C'était un peu moins le cas dans mon ressenti de l'épisode cette semaine. Il se passe beaucoup de choses, beaucoup d'évènements majeurs, des négociations politico-militaires, des bouleversements d'équilibres, du développement de background personnel de certains personnages, et surtout l'épisode case deux batailles en moins d'une heure. Ce sans compter la spectaculaire scène finale. 

La série adapte son matériel de base très fidèlement (ce que le format série permet après tout ce n'est pas si étonnant quand on voit des adaptations littéraires anglaises, notamment de la BBC mais les USA nous ont habitués à prendre de grandes largeurs dans leurs adaptations, cf Dexter, True Blood, etc.), ajoutant peu de scènes et en modifiant encore moins. Et peut-être est-ce là la raison principale à cette précipitation, les auteurs ne disposant plus que de deux épisodes pour conclure leur saison.

Cela peut aussi venir des deux ellipses consécutives dans une seule et même heure, celles des deux batailles, qui ne sont pas montrées à l'écran, qui donnent l'impression qu'une montée en puissance programmée depuis plusieurs épisodes (peut-être même techniquement depuis le premier épisode quand les Lannisters décident de tuer le jeune Bran Stark) trouve une conclusion trop abrupte. En somme on se prépare à la guerre depuis un moment et en deux minutes Winterfell gagne et Jaime Lannister est fait prisonnier. 


J'ajoute que même si ce choix rend le rythme de l'épisode un peu étrange, je l'approuve. Avec un budget de série télévisée, tenter de reconstituer une bataille à l'écran de façon spectaculaire et crédible est assez illusoire. Ces scènes ne sont pas non plus tellement nécessaires dans la mesure où on comprend tout de même leurs enjeux et leurs dénouements : les Lannisters se sont faits avoir, Robb se réalise en tant que Lord de Winterfell et en tant que guerrier en rusant et piégeant d'autres seigneurs plus expérimentés et Jaime est sous le joug des Stark. Des lignes supplémentaires de dialogues sur l'issue des deux batailles m'auraient tout de même laissé une impression moins ... étroite.

A côté de tous ces évènements, les personnages continuent à être magnifiquement développés. Tyrion a de très grandes scènes exposant l'inimitié entre son père et lui, et nous raconte une histoire humiliante et déchirante de son adolescence. Le statut de Daenerys est menacé alors que son Khal de mari est entre la vie et la mort. On nous donne des nouvelles d'une Arya Stark survivant tant bien que mal dans la rue. Robb Stark s'impose, prend de l'ampleur et du charisme. 

Seul Jon Snow semble stagner dans son intrigue à l'écart de celle des autres, annonçant un futur clash entre le monde du surnaturel et celui des Sept Royaumes, d'autant qu'à l'heure où son frère grandit et devient un Lord, il semble bloqué sur sa crise d'adolescence. Mais ses scènes ont au moins le mérite de nous rappeler que la série baigne tout de même dans le surnaturel, même si celui-ci se fait peu présent, et est rattaché en cela aux rites de sorcellerie dans la partie des Dothraki et Daenerys Targaryen.


Cela dit, le passage maladroit des scènes du Wall et des Dothraki aux autres, est une critique qu'on pourrait faire à quasiment toute la saison (même si la partie de Daenerys commence depuis quelques épisodes à avoir plus d'enjeux par rapport au reste). C'est tout simplement lié à la façon dont est construit le matériel de base, qui en tant que série de livres se permet de poser très tôt des éléments nécessaires mais pour lesquels on ne sera pas récompensés avant un certain temps. Et ce qui passe dans un livre, ne va pas forcément se retranscrire très bien par la suite à l'écran. 

Il s'agit d'une des rares remarques mitigées que je peux dresser contre la série, avec la sur-utilisation de scènes de sexe gratuites (mais là on n'y peut pas grand-chose, c'est sur HBO après tout, s'en offusquer reviendrait à se plaindre d'avoir des adolescents niais sur Disney Channel).

Passons enfin à la dernière scène de l'épisode. Allons droit au but : Eddard Stark se fait exécuter par le roi Joffrey, sous les yeux de ses deux filles. La scène est choquante à plus d'un niveau, déjà tout simplement parce qu'avec ce retournement de situation, G.R.R. Martin nous fait un "Psychose" : vous savez, quand au début du film de Hitchcock Janet Leigh est prise pour le personnage principal du film avant de se faire rapidement tuer dans la fameuse scène de la douche. Difficile de reproduire un pareil évènement dans une série télévisée : elles demandent plus d'investissement que le film pour le spectateur moyen, et elles exigent de fidéliser un public par le biais d'un ou plusieurs forts leads.

La série nous présente depuis le premier épisode Eddard Stark comme étant le protagoniste principal. Toute l'intrigue principale et la plupart des intrigues secondaires partent de lui ou de sa famille. Le personnage est interprété par Sean Bean, un acteur assez connu et respecté et qui est probablement le visage le plus familier de la distribution. Le tuer avant la fin de la première saison, au bout de neuf épisodes, est spectaculaire. C'est pratiquement inédit dans l'histoire de la télévision.

C'est d'autant plus choquant que le personnage avait des portes de sorties. Cersei s'était arrangée, en manipulant Sansa, pour qu'Eddard Stark reconnaisse Joffrey en tant que roi légitime et en échange il devait s'engager au Mur. On nous montre avant cette scène Robb remporter la victoire contre les Lannisters et prendre Jaime otage, situation idéale pour un échange de prisonniers. A ce stade-là, on n'imagine pas qu'Eddard Stark ne puisse retourner auprès des siens. Et pourtant, il meurt.


 Ce qui rend la décision de Joffrey de l'exécuter tout de même encore plus cruelle et repoussante. Toute la scène prend à vrai dire une ampleur splendide considérant tous les scénarii qui auraient dû logiquement conduire à la liberté d'Eddard Stark. Même Cersei, qui est censée être la principale antagoniste dans la série, panique et presse son fils de changer d'avis. Sansa, trahie et perdant sa naïveté, hurle. Eddard, qui avait aperçu son autre fille Arya parmi la foule, se résigne à son destin mais pas avant de s'assurer que Yoren a compris son message et est allé la chercher pour lui cacher ce spectacle. 

La scène est terrible et après la décapitation (avec Ice, l'épée d'Eddard Stark), l'écran noir laisse le spectateur hagard. Je sais que ce retournement a causé un tollé auprès des spectateurs, mais je l'adore. Eddard Stark était pourtant mon personnage favori. J'aimais sa droiture et son honneur. J'aimais sa personnalité rêche et sérieuse. J'aimais sa compassion et ses principes. J'adorais ses scènes avec ses enfants, notamment avec Arya. C'était un personnage sain dans un univers malsain, choisissant encore et toujours d'agir selon ses convictions et sa morale, même quand c'était tactiquement stupide, et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, parce qu'il était admirable.

Sean Bean l'a interprété avec sobriété et classe, le faisant évoluer subtilement, du Seigneur implacable mais juste de sa première apparition, à l'homme affaibli, épuisé tant physiquement que moralement, dont le dernier acte est de préférer son amour pour sa famille à son honneur. Il me manquera. 


Sur ce, et en attendant un final spectaculaire ...


NOTE : Taste My Tears. Taste My Tears, Michael. 

jeudi 2 juin 2011

True Love

DOCTOR WHO.
THE DOCTOR'S WIFE (6.04)

Parlons un peu d'amour. 

J'ai la dent dure envers la série Doctor Who depuis qu'elle a été reprise par Steven Moffat, pour des tas de raisons déjà citées dans de précédentes reviews. Ces raisons sont toujours plus que valables et d'actualité. Mais ce n'est pas pour rien que je continue à regarder la série. 

J'en suis tombée amoureuse il y a des années, on a eu notre période de lune de miel, nos premières disputes et chagrins (mais nous en sommes ressorties plus fortes), et au fil du temps nous avons perdu l'excitation des premiers jours. Elle a changé. Elle n'est plus vraiment celle que j'ai aimé autrefois. J'ai beaucoup de mal à pardonner sa liaison avec Steven Moffat (mais que trouve-t-elle à ce douchebag sexiste ?). C'en est au point où parfois on se déteste. 

Toutefois je ne peux pas la quitter, parce qu'au fond, je sais qu'elle est toujours celle que j'ai aimée. Je sais, je sais, elle ne sera jamais plus comme avant. Mais je veux croire qu'il y a toujours du bon en elle. Et notre thérapie de couple avec le Dr Neil Gaiman me donne beaucoup d'espoir.

Gaiman, Jones & Smith, Dreamteam ?

Ah, Neil Gaiman. Je ne vais pas mentir : tout comme j'ai des préjugés négatifs envers Steven Moffat avant même de voir ses scripts réalisés sur mon petit écran, j'ai des préjugés très positifs envers Neil Gaiman. C'est juste un auteur que j'aime beaucoup. Un des rares auteurs contemporains que je suis de livre en livre (à part James Ellroy et Bret Easton Ellis, oui, je sais, genres complètement différents) sans me lasser. Il y a juste quelque chose dans ses idées, ses histoires et son univers qui m'attire. 

J'aime ses créations. Je rêve, comme beaucoup de ses fans également friands de la série Doctor Who, qu'il ponde un épisode pour la série depuis des années.On le sait fan de la première heure, et on sait qu'il a redécouvert avec plaisir la série avec sa fille grâce au reboot de Russell T. Davies. Gaiman et Who sont un duo gagnant sur le papier, et rien que l'annonce officielle de cette association m'a vaillamment préparée à affronter la saison 6 de Doctor Who malgré la profonde dépression que la saison 5 de cette dernière avait causé chez moi. Dépression, accompagnée de désaffection.

Et c'est ce sur quoi joue beaucoup cet épisode et le fait fonctionner : l'affection. Car oui, trêve de pseudo-suspens, l'association cosmique de mon auteur fantasy (au sens large du terme) favori et de ma série de telefantasy (au sens large du terme) favorite a tenu ses promesses et j'ai trouvé l'épisode très réussi. Je pourrais citer des tas de raisons sur la qualité intrinsèque de l'épisode, et j'y reviendrai plus bas, mais je dois admettre que ma raison principale de succomber à cet opus est sa façon de jouer sur l'affectif du fan de base de Doctor Who.

The Doctor's Wife, comme son titre l'indique, est un épisode sur une histoire d'amour, l'ultime histoire d'amour de la série : que les Sarah Jane Smith, Master, Romana I ou II, Rose Tyler ou River Song débarrassent le plancher. Le véritable grand amour du Doctor est le Tardis. La série, quoiqu'il lui arrive, sera toujours l'histoire du Doctor et du Tardis, le seul élément qu'aucun showrunner, qu'on vénère ou exècre, ne pourra changer. 

Dans un sens, le Tardis est encore plus immuable dans l'identité de la série puisqu'elle au moins ne change pas. Elle sera toujours une blue police box et si quelqu'un s'avise de changer cela, il ou elle se fera probablement immoler par le feu par une horde de fans enragés plus redoutables qu'une Zombie Apocalypse. Et pourquoi la changerait-on ? N'est-elle pas parfaite telle quelle ? 

Doctor, Meet Your Spaceship. Not Weird. At All.

J'ai toujours aimé le Tardis à l'excès. Je l'ai toujours considérée comme vivante et ayant son propre agenda. Elle a toujours été un personnage à part entière que j'aimais autant que le Doctor ou mes companions favorites. Je la personnifie. D'ailleurs c'est une des raisons qui font que j'ai détesté dans Forest of the Dead (4.09) l'idée du Doctor ouvrant les portes du Tardis en claquant des doigts, parce que je trouvais cela irrespectueux.

J'aime les réactions qu'elle suscite, j'aime les possibilités que son existence entraîne (l'aventure, tout un univers à découvrir), j'aime l'affection que lui montre le Doctor et occasionnellement les companions (je pense notamment à Rose Tyler et Martha Jones). Et j'aime aussi ce qu'elle signifie pour le Doctor, son ultime companion, la plus loyale et celle qui lui a permis de fuir sa planète d'origine et la société affreusement étriquée et indolente des Time Lords. Le Tardis est la racine de la série. Elle est tout pour le Doctor. Elle est donc tout pour le spectateur.

Ainsi l'idée, dans l'épisode de Gaiman, de la personnifier de facto (alors que le fan moyen ou les personnages dans la série ont tendance à déjà le faire plus ou moins consciemment) dans un corps avec lequel le Doctor peut interagir, était forcément fédératrice. Comment résister à la chance de voir le Tardis parler, exprimer ses idées, répondre à certains mystères ? C'est un fantasme de fan, tout comme c'était un fantasme du Doctor. Comme l'a si bien dit Amy dans une de ses seules bonnes répliques de toute son histoire dans la série "Doctor, did you wish really hard ?".

Ce fantasme, réalisé par Gaiman, remplit deux fonctions : c'est non seulement une déclaration d'amour de l'écrivain pour la série, mais aussi un geekasme pour les fans. Imaginez qu'on fasse parler Serenity pour les fans de Firefly, ou l'Impala pour les fans de Supernatural ? Le plus magique c'est que tout le monde s'y retrouve : on peut détester Steven Moffat, ou Matt Smith, ou New Who, ou même Neil Gaiman, au final tous les spectateurs se retrouvent à regarder un épisode dont ils avaient rêvé. 

Peu étonnant que The Doctor's Wife soit l'un des épisodes les plus acclamés de l'histoire de la série. Il risque même de battre Blink (3.10) et il le bat déjà en ce qui me concerne rien que pour l'aspect affectif. C'est un épisode devant lequel tous les fans peuvent se réunir. Cela rappelle aux fans en perdition pourquoi ils aiment ou ont aimé la série. C'est symbolique. Cela nous rappelle les fondements de la série, et pourquoi elle est formidable.

En tout cas, cela me l'a rappelé à moi. Je suis déconnectée de la série depuis la reprise en main de l'an dernier. Parfois j'ai l'impression que Steven Moffat rentre dans ma tête, choisit tout ce que je déteste ou serait susceptible de m'agacer et ensuite mets les idées dans la série. Neil Gaiman fait exactement l'inverse en allant cueillir dans ma petite tête tous mes fantasmes de fan : difficile de discuter la légitimité du Doctor de Matt Smith quand on voit le personnage éprouver autant d'amour que soi pour le Tardis. Même si on désapprouve la ligne du personnage, on se retrouve enfin en terrain familier.

De plus, quand je parle d'idées dont j'ai rêvé et que Gaiman a réalisées, je ne parle pas simplement de la personnification du Tardis dans une femme excentrique (interprétée brillamment par Suranne Jones, allant du fantasque à l'innocence en passant par la tendresse et le truculent avec élégance). Je parle aussi de cette exploration du Tardis, si grand à l'intérieur mais dont on voit rarement plus que la salle de contrôle. Je parle aussi de l'idée du vaisseau se retournant contre ses personnages qui la considèrent comme leur chez eux. Je parle aussi de la confirmation d'une théorie courant chez les fans depuis toujours : celle que le Tardis emmène volontairement le Doctor là où il a besoin d'être, pas là où il veut être. 

Et quel bonheur de voir le Doctor du point de vue du Tardis. J'ai tout adoré, le mélange inapproprié de complicité, de séduction maladroite, de partenariat solide et d'allusions cryptiques au passé/présent/futur (car forcément le passé, le présent et le futur se confondent en elle). J'ai adoré qu'elle l'appelle My Thief, et qu'elle renverse l'anecdote sur leur rencontre : ce n'est plus le Doctor qui a volé un vaisseau pour fuir Gallifrey, c'est le Tardis qui s'ennuyait et voulait découvrir l'Univers et ainsi a dérobé un Time Lord pour arriver à ses fins. Cela confirme mon image du Tardis, comme d'une Lady opiniâtre et curieuse qui fait tout comme bon lui semble et mène le jeu, le Doctor, l'histoire. Doctor Who n'est ainsi plus tellement l'histoire d'un Doctor mais celle d'une Time And Relative Dimension In Space, Type 40 & oh, so Sexy.

L'épisode est un hommage de 45 minutes à la série, aussi bien Classic Who que le New Who, de Moffat bien sûr puisqu'il s'agit de son terrain de jeu, mais aussi du Who de Russell T Davies avec la présence d'un Ood, de l'ancienne salle de contrôle des ères Eccleston/Tennant ou une mention assez salutaire de la Time War. Le manque de références directes à l'ère précédente de Doctor Who ne m'avait pas tellement manqué car pour être honnête je n'en attendais pas et je suis bien vite devenue pointilleuse sur beaucoup (trop) d'autres détails propres au Who de Moffat. 

Evil Ood. Must Be Saturday.

Mais c'est en voyant toutes ces références dans l'épisode de Gaiman que je me rends compte qu'en réalité cela me manquait. Surtout que les dites références ne sont pas gratuites : la présence de la précédente salle de contrôle (ah ! comme ces tons vert X Files m'avaient manqué !) sert au dénouement de l'intrigue pour combattre House, l'entité ayant pris possession du Tardis (le vaisseau, pas son âme dans le corps d'Idris); le Ood est une présence confortable nous raccrochant à la mythologie de la série; et la mention de la Time War, la culpabilité et l'espoir d'un Time Lord survivant est juste un détail de caractérisation et de continuité nécessaire et qui rappelle qui est le personnage du Doctor (surtout quand sa dernière version en date laisse indifférent ou perplexe).

Un épisode familier, donc, mais qui se sert plutôt bien des apports du Who de Moffat. Ainsi The Doctor's Wife est le premier épisode depuis Vincent and the Doctor (5.10) où je n'ai pas eu une seule fois envie de trucider Amy Pond. J'ai tout de même levé un sourcil perplexe quand elle déclare ne pas vouloir laisser le Doctor seul (après qu'il commence à croire à tort que des Time Lords survivants se trouvent sur la planète "hors de l'univers" sur laquelle se situe l'action) parce qu'il était émotif et qu'il faisait des erreurs quand il était émotif. D'une parce que la réplique suggère qu'on a déjà vu ce Doctor être émotif (?) et que d'habitude il ne fait pas d'erreurs (alors que c'est le Doctor le plus incompétent depuis longtemps). 

Hey, Sexy.

En fait toute la façon dont Amy appréhende la potentielle situation dans laquelle se trouve le Doctor est étrange. Dans la série leur relation semble tellement superficielle et inégalitaire qu'on n'imagine pas ce Doctor s'être confié à elle au sujet des Time Lords. Mais c'est honnêtement la seule remarque négative que j'ai à faire sur l'épisode niveau caractérisation. J'ai adoré que le Doctor admette qu'il cherche à être pardonné car c'est une idée (et réplique) simple et puissante. Comme je l'ai indiqué, ses interactions avec le Tardis!Idris étaient réjouissantes. Sa réaction touchante à sa mort et la dernière image douce-amère tout en tendresse du Doctor dans la console ont fait du bien. Enfin un personnage tri-dimensionnel.

Du côté des Ponds c'était également intéressant de se mettre un peu du point de vue d'Amy, quand House utilise le Tardis pour manipuler son esprit et la perdre dans un cauchemar en boucle : la voir imaginer un Rory vieillissant et amer qui l'attend de nouveau pendant 2000 ans et perd la tête, nous donne enfin une vision plus humaine de ce personnage. J'ai toujours trouvé incroyablement difficile de comprendre Amy ou de la trouver attachante, elle semblait manquer d'empathie, de compassion, de profondeur. 

Nous mettre quelques minutes dans son esprit nous permet de réaliser que les évènements du final de l'an dernier la hantent, qu'elle éprouve de la culpabilité. De plus je commence enfin à accepter son amour pour Rory (ce qui avait été tellement mal fait l'an dernier que cela rendait leur mariage parfaitement risible : ironique considérant qu'il était censé être le point d'orgue du final). 

Quant à Rory, il trouve aussi un genre d'évolution dans l'épisode, puisque c'est lui qui mène toute la partie du piège dans le Tardis, prenant les choses en charge, Amy étant complètement inutile et manipulée. Il prend de l'épaisseur et de l'assurance depuis le début de la saison. Cela contribue à rendre Amy toujours aussi tarte, mais au moins son personnage s'enrichit et son monde s'élargit au-delà de son épouse. 

Il continue également à être le seul personnage à éprouver un peu d'empathie, et j'ai adoré la scène où il admet que voir quelqu'un mourir le secouait parce qu'il était infirmier. On remercie Rory pour ça, parce qu'Amy voit des morts, des génocides, des veuves éplorées, etc, et cela ne suscite jamais la moindre réaction chez elle. C'est peut-être ça le grand mystère de la saison : on découvrira dans le final que depuis le début ... AMY ETAIT UN ROBOT. Une nouvelle génération de Daleks. Les Daleks me manquent un peu ...

Caractérisation à part, l'intrigue en elle-même m'a plu. J'ai beaucoup aimé l'idée de la planète "Hors de l'Univers", l'appel de détresse attirant des Time Lords et leurs Tardis comme une sirène (et pour le coup c'était mieux fait que l'épisode précédent, Curse of the Black Pearl Spot, (6.03) tellement anecdotique que je ne prends pas la peine de le reviewer). J'ai aimé les étranges minions de House créés de toute(s) pièce(s) et éphémères. House en lui-même était un bad guy peut-être pas assez marquant, par manque d'exposition (et je ne parle pas pas de présence physique, ce n'est pas nécessaire pour être effrayant, mais je pense qu'il lui manquait quelques scènes).

Tardis, Where Have You Been All My Life ?

Mon seul bémol concerne la partie à l'intérieur du Tardis. Bien sûr dans cet épisode, toute scène sans la présence salutaire de Tardis!Idris semblait être une scène perdue, mais j'avoue être restée sur ma faim concernant l'exploration du Tardis et l'aspect piège labyrinthique dans lequel Amy et Rory tentent de survivre. Certaines scènes étaient vraiment impressionnantes (je pense surtout à celle où Amy découvre un Rory de 2000 ans qui a écrit partout sur les murs "KILL AMY"), mais là encore il manquait de quelque chose. 

Apparemment l'épisode a été coupé de 13 minutes, ce qui est énorme considérant les habituelles coupes minimales faites aux épisodes de Doctor Who et explique à mon avis les légères frustrations rencontrées devant cet épique épisode. Sans doute aurait-il mérité d'être en deux parties, pour que la course-poursuite à l'intérieur du Tardis nous fasse découvrir plus de choses, que les jeux mentaux de House soient plus convaincants et effrayants, et surtout pour qu'on puisse passer plus du temps avec Tardis!Idris.

Je n'ai pas encore vu le prochain épisode, qui est en deux parties, mais j'espère honnêtement ne pas regretter encore plus à la vue de ce double épisode que l'épisode de Gaiman n'ait pas eu plus de temps pour s'étendre. D'après les échos que j'en ai eus, je ne suis pas très confiante, et je pense honnêtement le regarder à reculons. The Doctor's Wife a été diffusé il y a trois semaines, et je fais seulement maintenant ma review. Je tiens à rester sur cette bonne impression. Je reste sur cette assise confortable, et familière, cette déclaration d'amour pour la série qui m'en rappelle les bons côtés à une période où j'ai l'impression de me préparer à une bataille à chaque fois que je commence à regarder un épisode. 

Gaiman, tu peux revenir quand tu veux dans Doctor Who. La porte est grande ouverte et on t'accueillera avec enthousiasme.


NOTE : Neil Gaiman Makes Everything Better. And I Love You Too, Tardis.

mercredi 4 mai 2011

Le Doctor est Mort.

DOCTOR WHO. 
THE IMPOSSIBLE ASTRONAUT/DAY OF THE MOON (6.01/6.02)

Ma première pensée, quand j'ai terminé l'épisode en deux parties inaugurant la saison 6 de Doctor Who, c'était que le Doctor était mort. Et je ne parle pas de la séquence d'ouverture de l'épisode qui montre notre héros se faire assassiner pour de bon par un mystérieux individu dans une combinaison spatiale. Le Doctor est mort.

Ceci n'est pas un Doctor.

Ou du moins le Doctor tel que je le connais et l'apprécie depuis cinq ans maintenant.

L'épisode The Impossible Astronaut (6.01) nous emmène quelques mois après la lune de miel mouvementée des Ponds dans A Christmas Carol (6.00), et nous les retrouvons vivant dans une petite maison cosy (... et je ne sais absolument pas avec quel salaire ils la paient, la maison, puisqu'Amy est une kissogram à la retraite et Rory a sûrement été viré de son boulot d'infirmier, avec, vous savez, ses disparitions qui durent des mois ? ). Le Doctor, d'après leurs observations, semble faire des tas de choses complètement idiotes (comme troller un court-métrage de Laurel & Hardy ou se faire faire un portrait nu) pour attirer leur attention. Et non, l'épisode ne reviendra pas sur ces passages, pas plus qu'il ne leur donnera du sens, cela ne servait qu'à être un gag, apparemment.

Puis le couple reçoit une invitation pour l'Arizona. A quelques siècles de là, dans sa Storm Cage, River Song reçoit la même invitation. Lorsque les companions du moments se retrouvent, le Doctor, plus âgé de deux siècles, les attend (le Doctor les appelle ceux en qui il fait le plus confiance mais c'est douteux parce que les Ponds sont un peu des quiches, mais à la rigueur River, OK, puisqu'il s'agit d'une future version de lui-même : lorsqu'on retrouvera le Doctor du présent il souligne assez clairement qu'il n'éprouve aucune confiance en elle). Il les emmène à un joli pique-nique, où il se fait tuer. Puis, le Doctor du passé (ou du présent selon votre point de vue) fait son apparition, ayant lui aussi été invité à la petite sauterie. 

Le groupe suit les traces d'un quatrième invité, ce qui les emmène dans le Bureau Ovale en 1969 juste à temps pour aider le Président Nixon à résoudre les mystérieux coups de fil d'une petite fille appelant à l'aide. Leur petite aventure les conduit à faire enfin connaissance avec le Silence (ennemi mentionné tout au long de la saison 5) qui est une espèce alien contrôlant l'esprit des humains en leur faisant oublier leur existence aussitôt qu'ils les ont vus. S'ensuit alors un plan alambiqué au point qu'il en est ridicule pour les traquer et une victoire par génocide triomphant.
Et le Doctor est mort.

Il est mort à mes yeux en tout cas. Je n'ai rien de particulièrement négatif à dire sur ce double épisode. Je l'ai honnêtement trouvé bon, distrayant, rythmé, très bien filmé (à l'exception de deux séquences utilisant des ralentis ridicules) et il proposait une caractérisation satisfaisante des personnages principaux de la série tout en exploitant merveilleusement bien le talent légendaire pour tout fan de telefantasy du guest Mark Sheppard (X Files, Battlestar Galactica, Supernatural, Leverage, Firefly, toutes les séries du monde).

L'épisode était bien, donc, mais le Doctor est mort. J'ai en quelque sorte ouvert les yeux sur ce qui m'a toujours gêné dans la série depuis que Steven Moffat en a repris les rênes. Il n'y a pas eu de baisse de qualité flagrante, et certes la série a proposé beaucoup de changements, mais d'ordinaire je m'adapte très bien aux changements dans une série, surtout une série du genre de Doctor Who qui se fonde pratiquement sur de fréquents changements. Certes l'écriture répétitive de Moffat m'agace, le traitement des personnages féminins aussi, ainsi que la blême caractérisation des personnages. Mais ce qui me gêne le plus en fait, c'est sa vision du Doctor.

C'est en cela que se situe réellement ma désaffection pour la série. Doctor Who est toujours cette série que j'aime, avec sa science-fiction fantasque à l'anglaise. Mais le Doctor de Steven Moffat n'est plus mon Doctor, il n'est plus mon héros. C'en est à un point où je me demande si tout cela n'est qu'un rêve éveillé, qu'à l'instar d'un Jackson Lake dans The Next Doctor (4/5.01), il y a eu une confusion lors de sa régénération, qu'Eleven est un clone raté du Doctor, se baladant dans son Tardis avec ses souvenirs, mais que le véritable Doctor est ailleurs, coincé quelque part et attendant son heure (celle d'un autre showrunner avec d'autres acteurs, préférablement James Frain).

Mon épiphanie provient de plusieurs petits moments dans ces deux épisodes. Il y a d'abord eu la mort du Doctor qui m'a fait éclater de rire. Bien évidemment, on ne peut pas prendre cette mort au sérieux, pas plus que le pathos qu'elle entraîne, dans un début de saison, voire tout court dans la série : la mort du Doctor est tout bonnement impensable pour tellement de raisons que je ne vais pas prendre la peine de les lister. On se prend à penser que les personnages sont tous des quiches, considérant que le Doctor a pris la peine de mettre en scène le moindre élément de sa "dernière heure", leur donne des instructions précises et invite même son lui du passé à la petite fête. 


Pourtant aucun d'eux, pas même River, ne songe un instant que tout cela est du vent. En même temps ce n'est pas très étonnant quand Amy met environ trois heures à comprendre que le Doctor qu'elle a sous les yeux après sa "mort" est un Doctor d'une autre timeline. Elle est désespérante de stupidité (sans compter que Moffat, utilisant la stupidité d'Amy, prend la peine de nous expliquer et ré-expliquer l'évidence, suggérant qu'il nous prend tous, nous spectateurs, pour des quiches aussi monumentales qu'Amy).

Steven Moffat a pris la mauvaise habitude depuis l'an dernier de "tuer" ses personnages ou de les faire passer pour morts, et je ne vois pas l'intérêt. A sa façon de faire, on sait tout de suite que la "mort" des personnages (le Doctor, Rory et Amy l'an dernier, et cette année même combinaison avec River en plus et seulement en deux épisodes) n'est pas sérieuse. Il utilise la mort comme élément de l'intrigue. Pourquoi pas, après tout, sauf qu'après il ne faut pas nous demander d'être triste pour les personnages ni d'éprouver le moindre stress quand ils sont en danger. Utiliser la mort ou la pseudo-mort pour faire avancer l'intrigue, d'accord, mais l'utiliser pour développer les personnages, non, cela ne fonctionne pas. 

Et j'ai éclaté de rire, quand mon personnage de science-fiction favori, mon personnage de science-fiction que j'avais toujours jusque-là qualifié d'idéal, est mort. J'ai même frôlé le fou rire quand Rory aperçoit un petit bateau et que la scène pathétique se transforme en incinération façon viking. Hilarant, vraiment. Parce que voilà, à force de jouer avec la mort de ses personnages, avec aussi peu de finesse, de tact et de subtilité, cela finit par devenir du comique involontaire. L'écriture de Moffat nous désensibilise aux tourments de ses héros, et elle parvient en même temps à casser toute gravité et toute importance à ce qui leur arrive.

Le Doctor, en somme, est complètement démythifié.

J'ai toujours aimé le côté "magique" du Doctor. J'aimais qu'il soit sous l'ère d'Eccleston ce héros improbable chassant les monstres se tapissant dans les placards des gens, et j'aimais aussi qu'il soit ce héros un peu cassé et tragique, survivant d'une Guerre qu'on ne peut qu'imaginer épique et impossible. J'ai aimé la continuité de cette idée, dans l'ère Tennant, le tourbillon d'aventures spectaculaires, de coeurs brisés et de questionnements éthiques : rappelez-vous, le Doctor de Tennant était ce Doctor qu'on décrivait ainsi "He's like fire, and ice, and rage ...". Ce Doctor-là était un mythe, il était littéralement magique, il était épique, il pouvait être terrifiant, il pouvait être très alien et on ne le comprenait pas tout le temps, mais il avait toujours du coeur et on l'aimait et on le trouvait magnifique.

Le Doctor de Steven Moffat n'est plus un mythe et il n'est plus magique. C'est sa vision du personnage. Il a le droit d'en avoir une, tout comme j'ai le droit de la trouver inférieure. Moffat voit le Doctor comme un "maverick". Il vit sa vie en bluffant et en courant, il est certes plus intelligent que beaucoup de monde et a accès à une technologie plus pointue, mais à part ça, c'est un type comme les autres, qui est beaucoup moins cool et brillant qu'il le croit, et qui improvise complètement sa vie. 

Pour utiliser une comparaison à base de Star Wars (parce que tout le monde aime utiliser des comparaisons faisant à appel à Star Wars), le Doctor n'est plus un Jedi, il est un Han Solo. Ne vous méprenez pas, j'adore Han Solo, j'adore le Faucon Millenium, j'adore Chewbacca et j'adore son couple avec Leia. Mais c'est Han Solo. Ce n'est pas le dernier des Jedi, et ce n'est pas lui qui affronte Dark Vador et l'Empereur.

Le Doctor est un héros, et a toujours été un héros, du type Jedi, dont les capacités sont tellement impressionnantes qu'elles sont magiques, qui dicte la morale de l'histoire parce que tout le monde le suit pour cette raison et parce que cela rend ses tentations vers le côté obscur plus intéressantes, et oui, il est pratiquement asexuel parce qu'il a un peu autre chose à faire, et il est un Jedi, et il est un mythe et il est magique.

Soudain, tout me paraît plus clair. Tout ce qui me déplaît dans le Doctor de Steven Moffat est limpide. Et tout est cristallisé dans cet épisode ouvrant la saison 6. Il y a d'abord sa fausse mort qui m'a fait rire parce que le Doctor n'est plus un mythe et n'est plus admirable et il est à peine un personnage, alors pourquoi pleurions-nous sa mort ?  Il y a sa globale incompétence, aussi, sa façon d'être berné sans arrêt et le fait que depuis son apparition il manque constamment de résoudre les problèmes avec panache et efficacité (quand il y parvient par miracle).

Il y a eu toutes ses scènes de flirt avec River Song qui sont inhabituelles chez le personnage ainsi que l'admission explicite que River et Eleven ont eu/vont avoir des relations sexuelles (je n'ai rien contre le fait que le Doctor ait une relation romantique avec quelqu'un, homme ou femme, du moment que cela pose en soi un dilemme, que ce n'est pas simple, parce que vous savez, il est "épique", pas un type lambda qui flirte avec la première venue dans un bar).

Il y a sa façon de traiter ses "amis" comme des subordonnés, comme étant ses inférieurs : le Doctor de RTD avait beau être arrogant, parfois irrévérencieux et bien plus brillant que ses Companions, mais il les traitait toujours comme ses égaux, respectait leurs opinions et se servait de leurs idées pour rebondir avec les siennes. Il appréciait les points de vue des humains l'accompagnant et leurs idées. Le Doctor de Moffat ... les tourne en ridicule, les humilie constamment et les rabaisse, utilisant même des caractéristiques physiques ("The legs, the nose and Mrs Robinson", les remarques sur le poids d'Amy, ou sur ses choix vestimentaires), leur ordonne de se taire quand il réfléchit (Vampires of Venice 5.06), ne les écoute pas quand ils veulent leur annoncer quelque chose d'important, etc.

Le Doctor et ses amis secrétaires

La phrase qui m'a fait le plus mal provient de River, après la "mort" du Doctor. Elle dit "We do what the Doctor's friends do. As we're told.". C'est très bien, River, mais personnellement, je n'appelle pas ça de l'amitié. Un rapport patron/employé, commandant/soldat, à la rigueur, mais ce n'est pas de l'amitié. On ne donne pas d'ordres à ses amis, pas plus qu'ils n'obéissent. Au contraire, un ami c'est normalement fait pour soutenir quand on en a besoin et pour se battre quand on en a besoin, qu'il faut nous montrer nos erreurs, nous dissuader de faire quelque chose de stupide. Comme laver le cerveau de l'Humanité pour la transformer en génocide.

Et j'en arrive au dernier point de cet épisode, ce qui a achevé de me convaincre que le Doctor était mort. Plus que les sous-entendus à caractère sexuel inhabituels, plus que ses méthodes alambiquées et ne menant nulle part pour résoudre les problèmes, plus que son attitude hautaine et puante avec ses soit-disant amis, plus que son manque de génie et d'héroïsme, c'est son manque d'éthique qui a tué mon intérêt et mon amour pour le personnage.

La fin de l'ère de David Tennant nous a offert une leçon assez douloureuse sur le fait de changer la timeline des gens et le visage de l'avenir. Changer le cours du temps a des conséquences tragiques. C'est immoral, c'est dangereux, c'est mauvais et cela a failli conduire le personnage principal de la série à la folie. Et même au-delà du Doctor de l'ère Tennant, même au-delà globalement de Doctor Who, au-delà du monde merveilleux de la science-fiction, manipuler le destin des gens, écraser leur libre-arbitre, est abominable.

Le Doctor de Steven Moffat n'a aucun problème avec cela. On nous sort toutes les cinq secondes le leitmotiv "Time can be rewritten" qu'au début j'avais pris par erreur pour une simple carte blanche excusant les paresses scénaristiques et les défauts d'écriture. A présent je constate qu'avec cette idée s'accompagne un changement de morale à la série. Dans l'épisode A Christmas Carol, le Doctor ne voit aucun problème au fait de modifier entièrement la timeline de deux personnages, dans un plan assez idiot et alambiqué pour stopper le crash d'un vaisseau spatial. 

Ce début de saison continue sur cette lancée, avec le Doctor manipulant les timelines de ses Companions ainsi que la sienne pour des fins que nous ne connaîtrons que d'ici le dénouement de la saison, et comme je commence à bien pratiquer le Moffat, il s'agira probablement d'une raison alambiquée et sans intérêt que l'on ne s'empêchera de questionner par un "n'y avait-il pas un autre moyen plus simple et efficace ?". Le Doctor va ensuite plus loin dans le thème de la manipulation du libre-arbitre puisqu'il lave le cerveau d'un demi-milliards d'êtres humains pour les forcer à exécuter sommairement une espèce alien les ayant envahis.

Je comprends que la menace était tangible. Je comprends qu'il était difficile de lutter contre un ennemi qu'on oublie aussitôt après l'avoir vu. Je comprends qu'il s'agissait d'une mesure désespérée pour que l'Humanité prenne conscience du danger insidieux qui pesait sur elle sans qu'elle le sache. 

Mais j'ai du mal à accepter qu'un héros tel que le Doctor, champion du libre-arbitre, transforme toute une population en bourreaux, sans leur laisser le moindre choix. Tout comme j'ai du mal à comprendre que le génocide d'une espèce alien, même ennemie, ne semble lui poser aucun problème (vous rappelez autrefois quand il déclarait que dans le dictionnaire, au mot "génocide" il y avait une photo de lui et l'inscription "Over my dead body" ?).

J'aurais pu accepter ce dénouement si le texte, d'une façon ou d'une autre, nous avait fait part de la monstruosité des actions du Doctor, ou si même le personnage semblait en avoir eu conscience, mais non, la scène était une pure scène de joie et d'euphorie. Aucun des Companions n'a même essayé de questionner le Doctor et aucun n'a éprouvé la moindre horreur. Dans ces moments-là, Martha Jones, Donna Noble et Rose Tyler me manquent énormément.

Et j'en arrive à cette conclusion. La série n'a pas juste changé. Le Doctor n'est pas simplement un nouveau Doctor avec de nouvelles lubies et une nouvelle attitude. C'est un personnage entièrement différent, et qui n'a plus rien de ce que j'aimais autrefois dans ce héros fantasque et magique et riche et drôle et profond.

Alors oui, l'épisode était réussi. Le Silence est un méchant réussi, qui me fait penser aux Gentlemen de Buffy, qui n'est pas très original parce qu'encore une fois Moffat se répète en proposant infiniment le même genre de méchant se basant plus autour d'un gimmick (ne bouge pas quand on le regarde, n'apparaît pas à la lumière, est oublié dès qu'on lui tourne le dos) plus que sur des motivations. 

L'installation de l'intrigue de la saison sur la mystérieuse petite fille dans la combinaison spatiale qui se régénère et a tué le Doctor est très intrigante et on espère une résolution passionnante (je suis méfiante, et j'ai peur d'une explication ridicule et alambiquée, mais considérant que Moffat reprend des éléments inexpliqués de la saison 5, comme le Tardis abandonné de The Lodger (5.11) et le Silence, je lui accorde le bénéfice du doute).

Les personnages à présent installés, même s'ils conservent des attitudes stéréotypées, sont un peu plus riches (River Song est enfin touchante et plus qu'un gadget puisqu'on connaît sa tragédie, Rory est torturé par les doutes semant sa relation avec Amy et ses vrais/faux souvenirs s'étalant sur 2000 ans, et même Amy bien qu'étant toujours une quiche et nous ayant proposé un infâme cri hystérique de Companion comme on n'en avait pas vu depuis Classic Who frôle une certaine profondeur dans son attachement pour Rory et la perspective d'une grossesse).

Les personnages secondaires fonctionnaient bien, le Canton Everett Delaware III de Mark Sheppard était une véritable gourmandise (et on en réclame plus) et le Nixon tourné en dérision et un poil pathétique a fait son office. Les décors naturels du désert américain étaient vraiment plaisants et contribuaient à installer une atmosphère esthétique quasi impeccable. La réalisation était rythmée et judicieuse, même si le début de la seconde partie n'était pas très bien édité. 

J'ai approuvé quasiment tous les choix visuels à part la débauche de ralentis lorsqu'Amy fait feu contre l'astronaute (rendant la scène ridicule alors qu'elle aurait dû être noire et choquante puisqu'elle tentait de tuer une petite fille), et lorsque River massacre les aliens (rendant la scène assez obscène puisqu'elle tend à rendre héroïque l'exécution sommaire d'une groupe d'aliens désarmés).

Les dialogues étaient souvent drôles, et à deux ou trois reprises touchants dans les scènes de River et de Rory notamment. Mais ils pouvaient être ridicules comme à la fin de l'épisode, pour instaurer une tension amoureuse complètement artificielle entre le Doctor, Amy et Rory, sans doute pour semer le doute sur la paternité du possible futur enfant d'Amy. Mais je veux croire qu'on est toujours dans Doctor Who, pas dans un soap sirupeux. Si je veux des triangles amoureux ridicules et des vraies/fausses grossesses, j'ai les KDramas pour ça, merci bien.

Les deux épisodes ont aussi été marqués par ces idées alambiquées et inefficaces qu'affectionne particulièrement Steven Moffat parce qu'elles rendent bien. Les marques sur le corps n'ont aucun intérêt du point de vue de l'histoire parce qu'elles n'expliquent pas en quoi elles aident les personnages à se souvenir de leurs ennemis, sans compter que les marques sur le visage dénotent d'un dénuement total de sens pratique. 

La chasse à l'homme n'a aucun intérêt dans la mesure où Nixon est de leur côté et passe son temps à sortir le Doctor et ses Companions du pétrin, alors pourquoi faire croire qu'ils sont recherchés par le FBI, qu'ils sont morts et que le Doctor est dans une prison ? Le saut dans le temps de trois mois ne sert à rien. La séquence d'ouverture où le Doctor essaie d'attirer l'attention d'Amy et de Rory en faisant n'importe quoi à divers moments de l'histoire ne sert à rien. Et j'en passe.

Steven Moffat est également toujours bloqué dans le même schéma d'écriture prévisible, avec les paradoxes temporels, les morts gratuites de personnages principaux, les jeunes enfants jouant un rôle plus ou moins perturbant, les ennemis silencieux construits autour de gimmicks, les effets à la "ils étaient dans la pièce depuis le début", on a même un sous-entendu de romance enfant/adulte quand River déclare qu'elle a rencontré le Doctor quand elle était très jeune et impressionnable, l'utilisation d'appareils pour continuer à entendre les gens disparus/morts, l'interaction grâce à certains médias (vidéos, enregistrements audios), etc. Je pense qu'on peut facilement créer un drinking game basé sur les manies répétitives dans l'écriture de Moffat.

A part ça, avec un peu de souplesse d'esprit, l'épisode était plus que regardable, très divertissant et très réussi.

Sauf que le Doctor est mort.


NOTE : Nice Job Breaking It, Writer.